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Goncourt des lycéens 2022 : Sabyl Ghoussoub se dit « touché » que les lycéens aient pu « se reconnaître dans les personnages »

Sabyl Ghoussoub, lauréat du Goncourt des lycéens 2022, s’est dit jeudi 22 novembre sur franceinfo « touché » que les lycéens aient pu « se reconnaître dans les personnages » de son roman Beyrouth-sur-Seine, publié chez Stock. Sabyl Ghoussoub confie par ailleurs avoir « une relation d’amour-colère » avec le Liban, où il a vécu son adolescence. « J’aime cette culture, j’aime cette terre », mais « je suis très en colère contre l’injustice qu’il y a dans ce pays ».

franceinfo : Comment appréhendez-vous ce Goncourt des lycéens ?

Sabyl Ghoussoub : Je suis encore sur un nuage. Je n’arrive pas encore à réaliser vraiment bien. Mais c’était très touchant de pouvoir rencontrer le jury des lycéens. C’est une nouvelle incroyable.

Quelle est la vie d’un Goncourt après l’annonce ?

C’est beaucoup d’interviews, beaucoup de sollicitations, beaucoup de belles paroles. C’est un moment assez merveilleux. Et rencontrer des lycéens après, c’est encore plus incroyable, parce que l’on entend pourquoi ils ont choisi notre livre.

« Entendre les lycéens parler du livre, de la famille, des parents, de cet exil-là, c’était très émouvant de voir qu’ils étaient touchés par cette histoire qui n’était pas forcément la leur, mais qu’à travers la littérature, ils ont pu à un moment se reconnaître dans ces personnages. C’est une chose formidable. »

Sabyl Ghoussoub, lauréat du Goncourt des lycéens 2022

à franceinfo

Ce livre est un hommage à votre famille, à vos racines. Le fait qu’il parle à une jeune génération, à des lycéens, est-ce que cela rend le prix encore plus précieux à vos yeux ?

Oui. Je suis né en France, j’ai grandi en France avant de retourner ensuite au Liban. C’était ce genre de livres-là, ce genre de romans d’autres écrivains, qui racontaient d’autres histoires que celle du Liban, qui m’ont fait grandir, qui m’ont donné envie d’écrire des livres, de retourner au Liban, de comprendre leur histoire.

Donc je suis vraiment très ému que mon livre fasse partie de ce même cycle-là, que d’autres lycéens soient touchés par cette histoire-là et qu’elle leur évoque d’autres histoires qui peuvent les concerner ou qui concernent peut-être simplement des camarades de classe autour d’eux.

Vous avez vécu votre adolescence au Liban, vous y êtes retourné après la révolution de 2019. Quel est le lien que vous entretenez avec ce pays aujourd’hui ?

Généralement, quand on me pose cette question, je réponds sentiments ambivalents. Et c’est exactement ça. Ça dépend des jours, ça dépend de mon humeur, ça dépend de ce qui se passe au Liban. Il y a des jours où j’ai très envie d’y retourner, il y a des jours où je n’ai plus envie d’y mettre un pied.

Pendant très longtemps, j’ai cru que ma relation avec le Liban, c’était une relation d’amour-haine. Et puis j’ai réalisé que ce n’est pas du tout ça. C’est une relation d’amour-colère. J’aime ce pays, j’aime cette culture, j’aime cette terre, j’aime les gens qui y vivent. J’aime la diaspora qui en fait partie aussi. J’aime les artistes, tout ce qu’ils ont créé, les cinéastes, les peintres, les réalisateurs. Mais je suis très en colère contre l’injustice qu’il y a dans ce pays.

Je suis très en colère, par les victimes de l’explosion du port, qui malheureusement sont complètement délaissées, par les victimes de la crise économique, par ces massacres pendant la guerre du Liban qui n’ont pas encore été jugés. Je suis un garçon très en colère. Mais je crois qu’on est beaucoup de Libanais très en colère. C’est cette relation là que j’ai avec le pays.


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