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Alexis Kohler soupçonné d’avoir « participé » à des décisions sur l’armateur MSC

Le secrétaire général de l’Élysée a été mis en examen, en septembre 2022, pour prise illégale d’intérêts dans l’enquête sur ses liens avec MSC.

Source AFP

Le secretaire general de l'Elysee Alexis Kohler conteste avoir << commis tout delit >>.
Le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler conteste avoir « commis tout délit ». © LUDOVIC MARIN / AFP

Temps de lecture : 2 min

Le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » en septembre, est soupçonné d’avoir « participé » en tant que haut fonctionnaire, entre 2009 et 2016, à des décisions relatives à l’armateur MSC, lié à sa famille, selon des éléments de son interrogatoire dont l’AFP a eu connaissance mardi. D’après ces éléments, les magistrats instructeurs lui reprochent d’avoir « participé » entre 2009 et 2012 comme administrateur à huit délibérations des instances dirigeantes de STX France (aujourd’hui Chantiers de l’Atlantique) et du Grand Port maritime du Havre (GPMH), tous deux liés à MSC.

Ils soulignent ensuite qu’entre 2012 et 2016 à Bercy, aux cabinets de Pierre Moscovici puis d’Emmanuel Macron, il a notamment « persisté […] à émettre des avis ou donner des orientations stratégiques ayant trait » à des dossiers impliquant MSC. Or la mère d’Alexis Kohler est la cousine de Rafaëla Aponte, épouse du fondateur du groupe Gianluigi Aponte, un lien familial « simple » mais au « 5e degré », « éloigné », s’est défendu l’intéressé devant les juges.

Alexis Kohler conteste les faits

L’affaire est née après des articles de Mediapart en mai 2018. Une information judiciaire a été ouverte en juin 2020. À ce jour, il y a eu au moins 50 auditions et 10 perquisitions. Devant les magistrats, le secrétaire général de l’Élysée a indiqué d’emblée n’avoir « jamais considéré être en situation de conflit d’intérêts ». Mais, de manière paradoxale, il va marteler avoir tout fait, « dès novembre 2008 », pour se trouver loin du dossier MSC. Il explique n’avoir participé à aucune décision concernant le groupe, à l’époque STX-GPMH, avoir averti sa hiérarchie de ses liens familiaux, avoir demandé à quitter son mandat d’administrateur de STX et avoir exprimé dans ses votes en conseil d’administration la position de l’État plutôt que la sienne.

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Lorsqu’il était à Bercy, il dit avoir organisé un déport du dossier MSC « informel » avec Pierre Moscovici (2012-2014) puis via « une lettre » avec Emmanuel Macron (2014-2016). Les magistrats indiquent n’avoir retrouvé « aucun écrit ou note de l’Agence des participations de l’État, du Trésor ou du ministère faisant état du lien familial avec la famille Aponte » ou organisant cette mise à l’écart du dossier MSC entre 2010 et 2016. À l’issue des quinze heures d’interrogatoire, Alexis Kohler concède un « débat sur (son) degré de formalisme » pour avertir de son déport des dossiers MSC, mais se dit cependant « choqué et indigné » de la « mise en cause » de son « intégrité ». Il est mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », et témoin assisté pour « trafic d’influence passif ». Sollicités mardi par l’AFP, son avocat n’a pas souhaité réagir et l’Élysée a affirmé « ne pas pouvoir commenter une enquête en cours ». « On peut se féliciter que la justice avance et fasse son travail, même s’il est dommage que cela prenne autant de temps », a répondu de son côté l’avocat d’Anticor, Me Jean-Baptiste Soufron

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