A la Une

REPORTAGE. Coupe du monde 2022 : hymne respecté mais malaise entre supporters iraniens… On a vécu l’élimination de l’Iran face aux Etats-Unis

L’Iran a été éliminé de la Coupe du monde en s’inclinant face aux Etats-Unis, mardi. En tribunes et autour du stade, la situation politique dans le pays n’était jamais bien loin.

Il n’y aura pas de premier huitième de finale de Coupe du monde pour l’Iran. Sardar Azmoun et ses coéquipiers ont été battus par les Etats-Unis pour leur dernier match de la phase de groupes (1-0), mardi 29 novembre. Malgré la présence extrêmement bruyante de son armée de vuvuzelas, la « Team Melli » a tout donné dans les 30 dernières minutes mais n’a jamais rattrapé son but de retard, logiquement encaissé dans le premier acte.

L’équipe de Carlos Queiroz va quitter le Qatar sur une dernière note plutôt discrète alors que la soirée opposait deux équipes qui avaient à tout prix besoin de la victoire, deux pays adversaires que le football avait déjà rapprochés lors du Mondial 1998. Il n’y a eu ni pluie de buts ni moment historique. Huit jours après avoir refusé d’entonner leur hymne, quatre jours après être revenus sur cette décision, sous la pression du régime, les joueurs iraniens sont restés dans le rang, le chantant du bout des lèvres.

« Je ne m’attends pas à ce qu’ils s’impliquent plus ce soir », prévoyaient avant la rencontre deux Iraniens expatriés en Europe, qu’on nommera David et Philip d’après leur propre choix. Les deux hommes venaient de changer d’avis, décidant d’encourager sans retenue la « Team Melli » à la lueur des dernières révélations : « On a entendu les dernières nouvelles. On sait que les joueurs ont été menacés. »

« J’attends quand même qu’il se passe quelque chose ce soir. J’aimerais qu’on puisse siffler l’hymne national. Nous allons le faire parce qu’on ne se reconnaît pas en lui. C’est l’émanation du régime », espérait Philip. Mais, des tribunes du stade Al-Thumama, les sifflets étaient moins perceptibles que face à l’Angleterre. David aura, lui, eu sa petite victoire, puisqu’il a réussi à passer le contrôle de sécurité avec l’ancien drapeau de l’Iran, celui avec le lion et le soleil, « celui de la Perse, du vrai Iran », caché sous son short.

Avant le match, en 1h30 de quête autour du stade, nous n’avons pu évoquer la situation politique iranienne qu’avec ces deux supporters. La majorité des fans rencontrés ont coupé court : « Non », « je ne parle pas anglais », « pas de question politique », « vous travaillez pour quel média ? En France ? Non je ne répondrai pas ». Beaucoup de sourires gênés ont été croisés, quelques regards menaçants également.

« Il y a un vrai sentiment de malaise entre Iraniens autour du stade. On se croise et on se demande qui supporte le régime ou non. On se regarde comme si on avait peur les uns des autres. Je n’avais jamais ressenti ça de toute ma vie », regrettait Philip, maillot floqué « Mahsa Amini 22 » sur le dos, du nom de cette femme décédée après son arrestation par la police des moeurs et devenue la figure emblématique du mouvement de révolte contre le régime des mollahs.

Les supporters de l'Iran dans les tribunes du stade Al Thumama de Doha lors de la rencontre face aux Etats-Unis lors de la phase de poules de la Coupe du monde, le 29 novembre 2022. (AFP)

Les supporters de l'Iran dans les tribunes du stade Al Thumama de Doha lors de la rencontre face aux Etats-Unis lors de la phase de poules de la Coupe du monde, le 29 novembre 2022. (AFP)

Le contraste est d’autant plus frappant que les contacts entre Américains et Iraniens étaient bien plus chaleureux, en dépit des relations tendues entre les deux pays depuis 1979. Beaucoup ont pris la pose ensemble avec un large sourire, puis une tape amicale dans la main. Mais cette équipe d’Iran reste un symbole politique qui divise, malgré elle. Pendant ce temps-là, dans certaines villes iraniennes, les manifestants célébraient la défaite à coup de klaxons dans la rue… 


Continuer à lire sur le site France Info