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Covid-19 en Chine : « L’Etat a levé les restrictions sanitaires sans anticiper la question des médicaments », l’épidémie menace les régions rurales

Cela fait deux semaines que les rues de Ding Qiao sont désertes : les 700 habitants de ce tout petit village de la province agricole du Hebei, à l’est de Pékin, sont terrés dans leurs maisons, personne n’ose sortir. La quasi-totalité de la population est contaminée par le Covid, une véritable hécatombe.

Si officiellement il n’y a pas encore eu de cas grave, l’inquiétude est sur toutes les lèvres, explique un menuisier âgé d’une soixantaine d’années : « Bien sûr que les gens sont stressés, on a des symptômes, on cherche les médicaments. La plupart des villageois sont un peu paniqués, surtout ceux qui ont des maladies chroniques. » C’est notamment le cas d’une paysanne, rencontrée un peu plus loin. 

« Je viens tout juste d’être infectée et maintenant j’ai mal à la gorge. Je fais déjà de l’hypertension. Si la maladie s’aggrave, j’aviserai. »

Une paysanne du village de Ding Qiao

à franceinfo

Les autorités font du porte à porte pour tenter de rassurer la population, en vain : « Le comité de village nous a distribué une affiche pour nous expliquer les symptômes du Covid, et nous dire quoi faire en cas de contamination. C’est impossible de ne pas s’inquiéter », explique cet habitant.

Dans tout le pays, le nombre de contaminations au Covid grimpent très rapidement, surtout depuis la levée des restrictions début décembre. Dans les grandes villes, les hôpitaux sont débordés et les patients recherchent désespérément médecins et médicaments. Mais dans les campagnes, la situation est beaucoup plus difficile car les structures hospitalières sont moins nombreuses et moins développées.

Dans le village de Ding Qiao, les structures de santé sont minimales : un seul centre de santé minuscule peut accueillir les malades. Une seule infirmière fait face à une situation plus que précaire. « Notre centre de santé n’a pas les moyens de traiter les patients gravement malades, raconte-t-elle. Si ça se présente, je dois appeler le chef du village pour organiser les secours et envisager le transport dans un hôpital. Au début nous avons connu des jours difficiles, car il n’y avait pas de médicaments. On faisait comme on pouvait pour faire baisser la fièvre. »

« L’Etat a levé les restrictions sanitaires très vite, sans anticiper la question des médicaments. C’est arrivé si rapidement que nous avons été pris au dépourvu. »

L’infirmière du centre de santé de Ding Qiao

à franceinfo

Cette semaine, des médicaments ont enfin été livrés au centre de santé de Ding Qiao : l’infirmière a fait le plein de boîtes d’Ibuprofène. Elle aussi a été infectée, mais en tant que seule professionnelle de santé du village, elle a dû continuer à travailler.


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