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Faux médicaments, marché noir, manque de riz… Une ancienne infirmière de Corée du Nord témoigne sur le système de santé

Cette jeune femme était infirmière en Corée du Nord avant de s’installer à Séoul, au Sud. Elle décrit une situation inquiétante pour la population nord-coréenne, qui a souffert des conséquences du Covid-19.

Article rédigé par

Radio France

Publié le 28/12/2022 10:43

Temps de lecture : 2 min.

Depuis 2019, Kim Na-jung s’est habituée à vivre dans les rues de la capitale sud-coréenne. Cette étudiante de 26 ans rencontrée en cette fin décembre à Séoul ne nous dévoile pas son vrai nom afin de protéger ses proches restés en Corée du Nord. « Depuis que je suis arrivée ici, j’ai été en contact avec des personnes en Corée du Nord à plusieurs reprises, donc j’ai entendu parler de la situation sur place et on m’a dit que c’était très inquiétant. Mais comme j’étais infirmière là-bas, cela ne me surprend pas du tout. »

Elle connaît donc bien les carences du système de santé nord-coréen, qui a dû affronter la pandémie de Covid au printemps dernier. « Il y a un décalage énorme de qualité des services de santé entre Pyongyang et le reste du pays. C’est près de cent fois mieux dans la capitale. Si vous voulez recevoir des soins, vous devez d’abord vous rendre à l’hôpital. Le médecin vous donne une ordonnance. Il faut aller à la pharmacie. Mais en Corée du Nord, à cause des pénuries, les gens vont au marché noir pour acheter les médicaments, ce qui est illégal. Donc cela représente un risque. En plus, ce ne sont pas des professionnels de santé. Il y a beaucoup de faux médicaments. Si vous avez besoin d’une opération ou d’un traitement particulier, en théorie, c’est gratuit. Mais en réalité, il faut payer, sinon vous n’aurez pas accès aux soins. »

Autre source d’inquiétude : la nourriture. Les récoltes ont été mauvaises et les autorités nord-coréennes cherchent à importer du riz venu d’Inde et de Chine. En Corée du Nord, le riz est un aliment essentiel. « Pour les Nord-Coréens, s’ils peuvent manger, ils survivent. S’ils n’y parviennent pas, ils meurent. Ce qui explique que le riz est aussi important. J’ai vu des gens mourir de faim lorsque je travaillais à l’hôpital. »

« En Corée du Nord, la question, ce n’est pas : est-ce que je vais manger quelque chose de bon ou pas, c’est juste : est-ce que je peux manger ? »

Kim Na-jung (nom modifié)

à franceinfo

Partie juste avant la pandémie, elle souhaite attirer l’attention sur les conditions de vie des Nord-Coréens. « C’est une situation très malheureuse. Du fait de quelques personnes très privilégiées et d’un dictateur, le reste de la population doit souffrir, avoir faim et cela concerne aussi mes proches. Je me sens très triste. J’aimerais qu’ils puissent accéder à la liberté aussi vite que possible. »

En contact avec sa famille en Corée du Nord plusieurs fois par an, elle tente de les aider en leur envoyant de l’argent. Une pratique illégale et très complexe qui l’est devenue davantage ces trois dernières années.


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