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Thibaut Pinot annonce qu’il prendra sa retraite à la fin de la saison

Le grimpeur franc-comtois de 32 ans a annoncé, jeudi, qu’il mettrait un terme à sa carrière à l’issue de la saison 2023.

Encore une saison, et il dira définitivement stop. Dans un long entretien accordé à L’Equipe, jeudi 12 janvier, Thibaut Pinot a annoncé qu’il allait mettre un terme à sa carrière, après douze années passées au sein du peloton professionnel. « Maintenant, je suis prêt pour la vraie vie », dévoile le grimpeur tricolore de 32 ans. Il lui reste dix mois pour garnir son palmarès déjà riche de 33 victoires, dont un Monument, le Tour de Lombardie en 2018.

Lui qui a remporté des étapes sur les trois grands tours se réserve une dernière cartouche pour la course qui lui a procuré ses plus grandes émotions, le Tour de France, où il pourrait être aligné en juillet prochain, après sa participation au Tour d’Italie en mai. Monté sur le podium final de la Grande Boucle en 2014, il se donne une année de plaisir avant de raccrocher. « Quand je courrai, on saura que c’est la dernière fois, avant que j’aille m’enterrer dans mon trou », précise le grimpeur franc-comtois.

Dans cet entretien, Thibaut Pinot commence par revenir sur le point de départ de cette réflexion, germée en deux temps : le confinement lié au Covid-19, puis sa chute lors de la première étape du Tour de France 2020 à Nice. « Quasiment tout de suite après le confinement, il y a eu ma blessure, c’est comme si j’obtenais pas mal de réponses aux questions que je m’étais posées », analyse-t-il. Une liberté imposée chez lui à Mélisey (Haute-Saône), comme un avant-goût de la vie qui l’attendait ensuite. « Ça a été un déclencheur. Je me dis souvent que j’ai trop de pression en moi, je suis trop speed. Ces deux mois ont été une bouffée d’oxygène et ça m’a fait du bien », souligne Pinot.

Si je vais pouvoir mener la vie dont je rêve, c’est aussi parce que je n’ai pas gagné le Tour. Ma vie aurait beaucoup trop changé, c’est pour ça que je ne regrette pas. Je n’ai jamais voulu de cette vie de champion.

Thibaut Pinot

à L’Equipe

Le grimpeur revient ensuite sur sa conception du cyclisme, sa lutte contre le dopage, ses accomplissements, ses envies, et ses frustrations, comme le Giro 2017. « Les moments où j’ai été à 100 % et sans aucun pépin, ça se compte maximum sur les doigts des deux mains, sur quatorze ans. J’ai toujours eu une merde. Si ça se trouve, le Giro 2017, si je ne tombe pas malade comme un chien pendant dix jours, je dois le gagner (il finira 4e, à 1’17 » de Tom Dumoulin). C’est passé inaperçu, mais pour moi je suis plus proche là que dans le Tour 2019. »

Le Tour de France 2019 justement, qui frustra une grande partie du public lorsque Pinot fut contraint à l’abandon lors de la 19e étape, alors qu’il n’avait jamais été si proche de l’emporter, ne reste pas pour lui une cicatrice vivace. « Peut-être que ça a été un mal pour un bien, peut-être que je n’aurais pas supporté de gagner le Tour de France. Mais sur le coup, non ça ne hantait pas mes nuits », dévoile Pinot.

Il se projette également sur sa dernière saison, où il a déjà annoncé qu’il serait au départ du Tour d’Italie, son grand tour préféré, où il visera une étape. « Même si je ne l’ai disputée que deux fois, ça restera la plus belle course pour moi. Je ne peux pas finir mon histoire avec le Giro avec un abandon dans l’ambulance. L’objectif sera de gagner une étape », poursuit celui qui quittera le peloton après une autre course italienne, le Tour de Lombardie, le 7 octobre prochain.

Je suis serein, je n’ai aucune peur d’une petite mort ou ce genre de choses. Depuis que j’ai pris ma décision, je me sens beaucoup moins nerveux et plus libre.

Thibaut Pinot

à L’Equipe

Une fois le Tour d’Italie terminé, il voudrait une dernière danse sur les routes de France, qui lui ont procuré des émotions, souvent contrastées, plus que des victoires. Mais avec David Gaudu et peut-être Arnaud Démare, la concurrence sera rude, même quand on s’appelle Thibaut Pinot. « Pour ma dernière année, j’ai envie d’y aller, ça me ferait chier de le manquer. Le Tour a été dur, mais c’est aussi lui qui m’a donné les plus belles émotions. À moi d’être le meilleur grimpeur après David (Gaudu), d’être très bon au Giro, de faire mes preuves. J’irai vraiment dans l’optique d’aider David », explique Pinot.

Le 8 octobre prochain, Pinot aura donc définitivement raccroché, sans amertume, pour se dévouer à sa deuxième vie, dédiée à sa ferme, ses animaux, et la nature, après une première dédiée à un régime draconien et des déplacements toute l’année. « Quand tu pars en course, tu ne t’occupes de rien. C’est pour ça que j’ai toujours voulu avoir une autre vie à côté, avec la ferme, qui me ramène à la vraie vie. Et puis quand j’étais au verger, à la pêche ou à la ferme, j’étais beaucoup plus détendu. La nature me calme, m’apaise », conclut-il.


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