Economie

Cette nuit en Asie : une faute de frappe à 85 milliards chez le courtier de Samsung

Vendredi matin, un employé de Samsung Securities, un courtier contrôlé par le plus grand conglomérat sud-coréen, devait effectuer le paiement de dividendes aux salariés de la société détenant des stock-options. La direction avait prévu de verser 1.000 wons par action détenue, soit 76 centimes d’euro.

Mais en entrant l’opération dans son ordinateur, l’employé a, par erreur, versé 1.000 actions de dividende pour chaque titre détenu. En une seconde, c’est un paiement équivalent théoriquement à 112.600 milliards de wons, ou 85 milliards d’euros, qui a été enclenché. Soit un nombre de titres (2,8 milliards) 31 fois supérieur aux volumes émis par le courtier.

Découvrant le miraculeux dividende dans leurs portefeuilles personnels, 16 employés de Samsung Securities ont immédiatement lancé la vente de 5 millions de titres, pour une valeur totale de 200 milliards de wons, sur la place de Séoul.

Chute du titre

Inquiets de ces cessions soudaines, bien supérieures aux volumes habituellement échangés, les autres investisseurs ont eux aussi cédé dans la panique leurs actions Samsung Securities et provoqué une chute brutale du cours. Elle a ainsi perdu, à un moment, jusqu’à 12 % de sa valeur avant que la direction ne prenne conscience de l’erreur et ne calme les marchés.

Le groupe a ordonné, 37 minutes après l’incident, à ses équipes de stopper leurs ventes et a rapidement identifié les employés indélicats qui s’étaient précipités pour céder leurs titres. Ils ont été suspendus avant de pouvoir toucher le « jackpot » et pourraient maintenant être poursuivis.

Une enquête ouverte

Si le courtier a arrêté ces ventes de « titres fantômes » avant une catastrophe financière, la manipulation erronée a provoqué l’ire du régulateur financier sud-coréen et des grands clients institutionnels de Samsung Securities. « Cet incident a mis en lumière un problème grave dans leur système de trading qui a permis l’émission et la vente d’actions qui n’existent pas », s’est offusqué Won Seung-yeon, l’un des cadres du Financial Supervisory Service, qui a lancé une enquête sur les pratiques du courtier.

Le régulateur a encore demandé, mardi, aux autres courtiers du pays d’améliorer leurs contrôles. Ils doivent s’assurer que des systèmes d’alerte sont bien en place en cas d’erreur humaine

N’attendant pas la fin de l’audit chez Samsung Securities, le grand fonds de pension sud-coréen, le NPS , a annoncé, mardi qu’il ne confierait plus ses trading de titres au courtier. D’autres fonds publics plus petits ont aussi suspendu leurs activités avec la société.


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