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Le constructeur LH Aviation au bord du crash

Atterrissage d’urgence pour le LH-10, le petit avion développé depuis une dizaine d’années par le constructeur LH Aviation. Particulièrement économique, ce monomoteur réalisé à grand renfort de matériaux composites avait été conçu à l’origine pour l’aviation de loisir et l’entraînement en versions mono et biplace.

Ces caractéristiques ont suscité l’intérêt d’investisseurs comme A Plus Finance, conseillés par Magellan Industries. Ils ont structuré l’entreprise et l’ont recentrée sur les marchés de la sécurité et de la défense qui présentaient plus de débouchés que l’aviation de loisir. Cinq machines ont été vendues, l’une en Afrique, une autre en Chine et trois en Indonésie pour effectuer des missions de surveillance.

La capacité de l’appareil à voler à plus de 150 noeuds (270 km/h) avec une charge utile de près de 300 kilos pendant près de 24 heures faisait de cette plate-forme un bon candidat pour développer un drone. Selon une source interne, LH Aviation a donc décroché un contrat en 2015 pour développer et fournir à la Défense nationale un drone tactique basé sur l’appareil . Ses moyens industriels limités l’ont contraint à différer la livraison des appareils, destinés à son client indonésien pour se consacrer à 100 % à ce contrat de plusieurs millions d’euros. L’heure de la livraison approchait, lorsque LH Aviation s’est vu notifier sans explication par la Direction générale de l’Armement (DGA) la fin du contrat et le retrait de ses autorisations de livrer du matériel militaire. Alors même que l’équipement suscitait l’intérêt à l’exportation.

« Tout arrêter »

LH Aviation a été intégralement payé pour ses services, mais sans autorisation, l’entreprise qui ne travaillait que pour la Défense, ne peut plus poursuivre ses activités. Interrogé par « Les Echos », le président de LH Aviation Christophe Rémy s’est refusé à tout commentaire mais a confirmé que, faute d’autorisation, il lui faudra placer l’entreprise sous la protection du tribunal de commerce dans les jours qui viennent, mettant ses 25 salariés au chômage.

« Pour 20 millions d’euros, nous avons développé en dix ans un système français, économique dont les performances sont à la hauteur des attentes de notre client et nous risquons de devoir arrêter », finit-il par lâcher, amer.

A l’heure où le gouvernement réclame à la DGA un changement de culture pour intégrer les innovations qui viennent du monde civil dans sa politique d’armement, force est de s’interroger sur l’abandon d’un projet, doté d’un bon potentiel et sans doute éligible au fond innovation BPI-DGA. Faisait-il trop concurrence au drone sélectionné en 2016 par la DGA, le Patroller , le drone piloté par Safran, qui ne sera disponible qu’en 2019 ?

Interrogé, le ministère des Armées confirme que l’Etat n’a pas renouvelé l’autorisation de fabrication, de commerce et d’intermédiation des armes de la société LH aviation. « Les motifs de cette interdiction n’ont pas à être justifiés quand ils impliquent la sûreté de l’Etat et à la sécurité publique », ajoute-t-il, en expliquant que l’interdiction porte sur la fourniture de matériels de guerre.


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