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Vélib’ : élus et cyclistes craignent une catastrophe industrielle

Après plus d’une semaine de paralysie de Vélib’, c’est le branle-bas de combat à la mairie de Paris ce mercredi. L’exécutif réunit ce mercredi matin les élus locaux pour faire le point sur les retards du déploiement du système de vélopartage métropolitain avant de confronter ses services techniques avec le nouvel opérateur Smovengo dans l’après-midi. « Nous avons été patients jusqu’ici mais on s’approche de la catastrophe industrielle, il va falloir désigner les responsabilités » prévient Eric Azière, le président du groupe centriste. Depuis plus d’une semaine, le service de vélopartage Velib’est très perturbé et les usagers se déchaînent sur Twitter. Alors même que l’installation des 1.400 bornes prévues souffre de plusieurs mois de retard.

La mairie a attribué lundi ces nouveaux déboires à une grève des employés du nouveau prestataire qui réclament une forte majoration de leur prime de travail nocturne. Une explication qui ne suffit pas à l’association d’usagers  Paris en Selle qui a répertorié les pannes . « La baisse du service date d’une quinzaine de jours, avant la grève donc. Jusqu’en janvier, on nous avançait des problèmes de travaux publics et de raccordement électrique des stations. Mais nous commençons à penser que le mal est plus profond, que le système High Tech de Smovengo s’avère fragile avec des problèmes logiciels et matériels » cingle Simon Labouret, porte-parole de l’association qui dénonce « les mensonges et l’incompétence » de l’entreprise.

des stations Velib actuelles ne sont pas encore raccordées au réseau électrique urbain et fonctionnent sur batterie. Smovengo, Enerdis et les collectivités se renvoient la balle sur ces difficultés de raccordement. Or ces batteries ne sont plus remplacées ou rechargées depuis la grève du personnel, aboutissant des bornes inopérantes.

Au Conseil de Paris de la semaine prochaine, le groupe LR va déposer un voeu pour obtenir le contrat liant l’entreprise et le syndicat métropolitain Autolib Velib. Son premier vice-président Jean-Baptiste de Froment juge que « au-delà des quatre mois de retards, il y a des dysfonctionnements beaucoup plus importants et la capacité du prestataire à assumer le service est en question. » L’élu s’inquiète d’autant plus que la défaillance va apparaître au grand jour aux parisiens avec l’arrivée du beau temps. « Le prestataire n’est pas à la hauteur du marché mais nous sommes condamnés à vivre avec lui » temporise néanmoins Eric Azière. Peu imaginent un changement d’opérateurs qui « condamnerait » l’un des atouts de Paris, dixit les élus d’opposition. Danièle Simmonet (LFI) proposera en revanche  un voeu sur la remunicipalisation du service.

Le montant des amendes que devrait payer au syndicat métropolitain le prestataire en dédommagement des usagers, à raison d’un million d’euros par mois de retard. Le remboursement du mois d’avril devrait être voté très prochainement par les élus du syndicat.

L’entourage d’Anne Hidalgo déplore les difficultés actuelles et « une transition ratée dont il faudra tirer les leçons à l’été ou l’automne » mais nie une paralysie totale. « Une location sur deux a fonctionné le week-end dernierEt nous n’avons aucun élément montrant qu’on n’aboutirait pas à un service fonctionnel dans les semaines qui viennent » assure l’exécutif qui pointe aussi des difficultés similaires dans d’autres systèmes de vélopartage à Lyon, Stockholm, etc. La mairie assure également que la grève ne remet pas en question le calendrier récemment avancé par Anne Hidalgo, à savoir mise en service du réseau complet fin mai à Paris et fin juin ailleurs. 570 stations sur le millier prévu à Paris sont déjà posées selon la Ville, et 660 sur les 1.400 du réseau complet.

Sous les feux des critiques, Smovengo rappelle d’abord le calendrier très serré dont il a disposé pour développer le système. Son directeur général Jorge Azevedo reconnaît toutefois les nombreux bugs du système mais assure que leur traitement était en cours avant d’être stoppé par la grève. Le défaut d’alimentation électrique des stations vide notamment les micro-batteries des vélos qui se retrouvent alors bloqués. « Nous espérons rapidement parvenir à un accord avec les employés. Et nous envisageons de corriger les bugs d’ici fin juin » explique-t-il. « Pour résoudre cette crise, nous mobilisons 150 personnes au lieu des trente prévues initialement au service client » précise-t-il.


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