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Les syndicats surmontent leurs divisions pour défendre les fonctionnaires

Les numéros un de tous les syndicats français défilant côte à côte, de la République à la Nation… On n’avait pas vu ça depuis longtemps. Le 10 octobre dernier, lors de la précédente mobilisation syndicale à l’appel de toutes les fédérations de fonctionnaires – la première depuis dix ans -, le grand chelem n’avait pas pu être réalisé. Signe des tensions entre confédérations, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT était en province. Jean-Claude Mailly, le prédécesseur de Pascal Pavageau à la tête de FO aussi. Ce mardi, pas un leader syndical ne manquera au rendez-vous à la fois pour réclamer un  coup de pouce au pouvoir d’achat des agents et contre le projet de big bang que prépare le gouvernement sur la fonction publique.

Opération déminage de Dussopt

Faire moins bien que  le 22 mars , lors de la précédente mobilisation dans la fonction publique à l’appel de sept fédérations sur neuf apparaît improbable. Tout l’enjeu pour les syndicats sera de mobiliser plus que le 10 octobre, où plus d’un fonctionnaire sur dix avait fait grève. Ils sont prudents, mais confiants. « Les échos qu’on a aujourd’hui […] sont assez positifs » à la mobilisation, a déclaré Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’UGFF-CGT, à l’occasion d’une conférence de presse intersyndicale, vendredi dernier. Les organisations y ont montré leur volonté de rester soudées face aux « attaques » du gouvernement contre la fonction publique.

Du côté du gouvernement, on n’a en tout cas manifestement pas envie d’ouvrir un nouveau front. Lundi, dans « Libération » , le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, s’est livré à une opération de déminage en règle. « Nous ne remettons pas en cause le statut des fonctionnaires », a-t-il insisté, revenant aussi sur les possibilités de mesures catégorielles, temporisant sur les baisses d’effectifs et prenant ses distances avec le rapport Cap 2022 avant même sa publication. Evoquant des « propositions plus ou moins disruptives », il a affirmé que « ce rapport n’engage pas le gouvernement ». « Il redit là publiquement ce qu’il nous a déjà dit, ce qui veut dire qu’il a l’aval de Matignon et de l’Elysée », note un syndicaliste. Reste à en voir la traduction concrète.

Eviter l’étincelle

C’est là qu’est la limite de la journée d’action de ce mardi. Pour l’heure, la réforme de la fonction publique n’a pas encore été écrite et les syndicats n’ont donc aucune mesure précise à contester. Tout l’enjeu pour l’exécutif est d’éviter de provoquer l’étincelle à la mode CPE – ce contrat à période d’essai rallongé qui avait mis le feu en 2006 – dans les prochaines semaines, voire mois. Un premier rendez-vous sensible aura lieu à la mi-juin, sur les salaires des fonctionnaires. Il va se dérouler dans un climat social éruptif, la semaine qui s’ouvre va encore en faire la démonstration.

La mobilisation des fonctionnaires va en effet succéder à la publication des résultats du « vot’action » lancé par les syndicats cheminots, ce mercredi, coïncidant avec leur onzième séquence de deux jours de grève. Puis samedi viendra le rendez-vous très politique de « marée populaire » à laquelle appellent une cinquantaine d’organisations. Parmi elles, tous les partis de gauche, dont la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui appelle désormais à constituer un « front populaire », ainsi que des associations comme Attac mais aussi la CGT.


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