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Alcools : le château de Chambord en conflit avec Brown-Forman

Après une défaite face à Kronenbourg, qui avait utilisé des clichés du château sans son accord pour une publicité de bières, un nouveau combat judiciaire se dresse devant Chambord. Le château de François Ier, propriété de l’Etat, est assigné devant le tribunal de grande instance de Paris par l’américain Brown-Forman, un géant des alcools, propriétaire de la liqueur royale de Chambord.

Le distillateur de Louisville (Kentucky), qui détient le whisky Jack Daniel’s entre autres, conteste au château le droit d’apposer la marque Chambord sur sa future production de vin. « Il n’est pas imaginable qu’une liqueur nous empêche d’utiliser la marque du patrimoine national pour nos propres productions », s’insurge Jean d’Haussonville, directeur du monument, qui a replanté des ceps de vigne en 2015. Le développement de la production de vins haut de gamme à Chambord entre  dans la stratégie du château, qui vise l’autofinancement. Il vient de confier la conception d’un chai à l’architecte Jean-Michel Wilmotte, dont la mise en service est prévue en 2019.

Conflit de propriété

Coté en Bourse, Brown-Forman a réalisé 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2017. Il fabrique à Cour-Cheverny, tout près de Chambord, une eau-de-vie à base de framboise, qu’il exporte à 90 %, sous la marque Liqueur royale de Chambord. Premier marché : les Etats-Unis, puis la Grande-Bretagne et l’Australie. La petite usine emploie une vingtaine de salariés. L’effectif double lors des phases de production. « Le site Internet laisse croire que la production a lieu à Chambord, ce qui est faux », insiste Jean d’Haussonville. Du côté de Brown-Forman, la direction précise que la propriété de la marque est dûment constituée « depuis de nombreuses années ». De fait, l’américain a acquis cette petite distillerie et sa marque en 2001.

Clos Chambord

Les deux protagonistes en sont au stade des négociations. Comme pour le conflit avec Kronenbourg, le château français espère obtenir des contreparties. Que le tribunal ne lui avait pas accordées. Mais les photos et la campagne de publicité dataient de 2010. Depuis, le contexte juridique a évolué, puisqu’un amendement Chambord a été intégré à la loi sur le patrimoine en juillet 2016. Désormais, les monuments ont des prérogatives renforcées en matière de protection de marques, « sans limite de temps et sur tous supports, revendique Jean d’Haussonville. Pourquoi n’aurions-nous pas des royalties sur l’utilisation de notre marque, alors que ces produits jouissent de notre image ? Et cette image est entretenue par le contribuable français ».

En attendant un éventuel jugement, ou un « gentleman agreement », le premier millésime sera vendangé l’automne prochain à Chambord. Il devrait porter les marques Clos Chambord, ou IGP Chambord.


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