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Zidane et le principe de Peter

Grosse surprise. Zinédine Zidane a annoncé qu’il quittait son poste d’entraîneur du Real Madrid, moins d’une semaine après avoir remporté la Ligue des champions. Zidane est un champion. Pas seulement car il est un entraîneur gagnant, mais aussi parce qu’il est une personne humble qui a tout compris du « principe de Peter ».

Le principe de Peter est une théorie de management inventée par Laurence Peter et Raymond Hull, et développée dans un ouvrage (« Le Principe de Peter ») paru en France en 1970. Résumé à son expression la plus simple, le principe de Peter affirme que tout employé promu au sein d’une entreprise progressera jusqu’à atteindre son seuil d’incompétence.

En y réfléchissant c’est absolument évident : il est statistiquement impossible de ne faire que progresser. A vrai dire, à chaque fois que l’on avance, il est moins probable de continuer à réussir. Après avoir  remporté la Ligue des champions trois fois de suite, Zidane a peut-être atteint son maximum.

Opportunité d’échouer

Il est vrai que ce principe est terriblement négatif et déprimant car il postule que le portique d’arrivé de toute personne promue n’est autre chose que l’incompétence. A chaque fois que l’on réussit on vous donne une nouvelle opportunité d’échouer. Mais c’est bien ainsi car après une réussite à 100 % il ne peut y avoir au mieux qu’une réussite potentielle à 50 %. A chaque nouvelle tentative, nouveau job, nouveau poste, il y a 50 % de chance de réussir et 50 % d’échouer.

Un corollaire du principe de Peter est la théorie du « fumu » qui existe dans certains grands groupes. Il ne s’agit pas d’une pensée ancestrale d’origine zen et bouddhiste, mais d’un acronyme voulant dire « fuck-up, move-up ». C’est bien triste, mais parfois le cas dans bon nombre d’entreprises et cette théorie vient renforcer le principe de Peter lorsque les entreprises offrent une promotion à un dirigeant haut placé qui a atteint son seuil d’incompétence, mais qui ne peut pas être licencié pour des raisons de confidentialité des informations ou coût trop élevé.

L’anti-Ronaldo

Zidane a bien compris le principe de Peter ou en tout cas sa véracité, et il sait qu’il est arrivé au maximum dans sa carrière d’entraîneur du Real Madrid. Il l’a dit clairement dans sa conférence de presse. C’est un signe d’intelligence et d’humilité, deux traits de caractère que Zidane a toujours su mettre au service de sa progression personnelle et celle au service des équipes avec lesquelles ce champion hors pair a joué.

A la différence du portugais Cristiano Ronaldo qui, après la victoire du Real Madrid contre Liverpool le 26 mai, a adopté une attitude égoïste d’enfant gâté et  en laissant entendre qu’il allait quitter le club.

Zidane, lui, a félicité le club, les joueurs, les techniciens et aides, et tous les supporteurs pour « leur » victoire. Il a attendu que passent tous les moments de gloire pour ensuite – et seulement ensuite – annoncer sa décision de partir. Voila un champion. Voila quelqu’un qui ne succombe pas au principe de Peter, voilà quelqu’un qui tire sa révérence au bon moment, avec élégance et humilité.

Eric Gardner de Béville est codirecteur de HR consulting group et avocat à Madrid


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