EconomieÉconomie France

Seuls quatre Français sur dix jugent qu’il y a trop d’aides sociales

Depuis quelques jours, le sujet de la baisse des aides sociales provoque une certaine cacophonie gouvernementale. Les déclarations successives de Bruno Le Maire, ministre des Finances, de Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, ou encore de Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, ne donnent pas l’image d’une franche unité sur cette question . Le sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l’institut Montaigne devrait inciter l’exécutif à redoubler de prudence sur ce dossier qui est loin de susciter l’adhésion des Français.

« C’est un sujet qui partage l’opinion et qui crée du clivage droite-gauche dans une proportion qu’on n’avait pas vue depuis longtemps sur des questions économiques », souligne Bernard Sananès, président d’Elabe.

Voie étroite

Dans l’ensemble, seulement quatre Français sur dix estiment que le niveau des aides sociales est trop élevé. Ils sont revanche 32 % à juger que ce niveau est juste, et même 28 % pour dire qu’il n’est pas assez élevé.

VIDEO L’analyse de Bernard Sananès (Elabe)

La voie est d’autant plus étroite pour le gouvernement que « de nombreux volets de ces aides sont sanctuarisés dans l’esprit des Français », selon Bernard Sananès, et pas des moindres. Ainsi 81 % des Français ont le sentiment que «  les aides sociales ne sont pas assez élevées pour les retraites et la vieillesse », selon le sondage. « Cela montre l’angoisse profonde autour des enjeux de dépendance », analyse le président d’Elabe.

La santé et la lutte contre la pauvreté (avec 63 et 64 % de l’opinion jugeant les aides insuffisantes) sont, elles aussi, un sujet sensible. Seules les aides dans le domaine du chômage (avec 36 % jugeant le niveau idéal et 34 % trop élevé) semblent le plus susceptibles de susciter une adhésion à une réforme.

Lignes de clivage

Plus intéressantes encore sont les lignes de clivage créées par cette question d’une baisse des aides sociales. Au niveau politique, elles sont très claires. Seulement 19 % à gauche jugent les aides trop élevées, alors qu’ils sont 61 % à droite. Au sein des électeurs En marche, une majorité relative (47 %) estime leur niveau « juste ce qu’il faut ». « Au moment où certains à LREM plaident pour un rééquilibrage à gauche , ce dossier ne va pas faciliter les choses. D’autant que le gouvernement devra aussi convaincre son propre électorat », pointe Bernard Sananès.

Au niveau sociologique, il faut noter que ce sont les classes moyennes qui semblent avoir le plus à craindre de la réforme : 31 % des professions intermédiaires estiment que le montant des aides est trop élevé, le niveau le plus bas à part celui obtenu auprès des chômeurs. « Il y a clairement chez ces classes intermédiaires le sentiment de payer beaucoup d’impôts sans forcément recevoir en retour », estime Bernard Sananès.

Sondage réalisé par Internet les 5 et 6 juin 2018, auprès d’un échantillon de 1.002 personnes, selon la méthode des quotas.


Continuer à lire sur le site d’origine