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Manurhin a un mois pour trouver un repreneur

Le fabricant de machines de cartouches Manurhin à Mulhouse (Haut-Rhin), en grande difficulté financière, a été placé le 13 juin en redressement judiciaire par le tribunal de grande instance (TGI) de Mulhouse, après un an de mise en sauvegarde judiciaire. Les candidats à la reprise de cette entreprise bientôt centenaire ont jusqu’au 11 juillet pour déposer leurs offres.

Manurhin ne fabrique plus de revolvers mais emploie encore 160 salariés dans la fabrication de machines à produire des munitions, une spécialité qui relève des exportations de matériel sensibles, donc très surveillée par l’Etat. Le TGI a prévu une audience le 1er août pour la présentation des offres.

Usine de munitions

Pour l’heure, il n’y a aucun candidat français au rachat de l’ex-fleuron de l’armement du pays, alors que l’ancienne Manufacture de Machines du Haut-Rhin est l’un des leaders mondiaux de cette niche, avec le belge New Lachaussée et l’allemand Fritz Werner. Manurhin, qui vient de livrer sa dernière et belle commande, une usine de munitions à Oman, un contrat de 70 millions d’euros, affiche en outre un carnet de commandes de 100 millions, soit l’équivalent de trois ans de chiffre d’affaires.

Malheureusement, Manurhin a enregistré une perte nette de 16,7 millions d’euros en 2017, un montant supérieur au chiffre d’affaires, qui a chuté à 12,1 millions d’euros l’an dernier, contre 31 millions d’euros en 2016 et 60 millions d’euros en 2015. Par conséquent, ses capitaux propres sont négatifs à hauteur de 23,3 millions d’euros à fin 2017. Un problème de trésorerie en partie due à l’absence de volonté des banques de financer une activité dans le secteur de l’armement, activité considérée non compatible avec les nouvelles règles de gouvernance, explique le patron du directoire, Rémy Thannberger. Autre souci : un actionnaire minoritaire, Delta Defence, qui se refuse à toute règle de transparence.

Garantie à l’exportation

D’après Bruno Fuchs, député (LREM) du Haut-Rhin, plusieurs groupes sont sur les rangs pour le racheter, dont l’industriel allemand Rheinmetall, le belge fabricant d’armes FN Herstal et son compatriote New Lachaussée, ainsi qu’OMPC le fabricant de munitions du sultanat d’Oman dont l’usine a été construite par Manurhin. D’autres candidats, américain et asiatique, regarderaient aussi le dossier.

Pour Manurhin, le temps est compté : la période d’observation court jusqu’au 18 octobre pour le holding de tête. Interrogé par le député Fuchs à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait promis de trouver des « solutions » et « un repreneur de qualité » pour l’entreprise. Le ministre s’est défendu de toute passivité, rappelant que l’Etat avait apporté 12 millions d’euros de garantie à l’exportation à l’entreprise. Insuffisant. Visiblement l’Etat ne considère plus cette spécialité comme un vecteur de l’autonomie stratégique française.


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