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Comment la prime d’activité a supplanté le coup de pouce au SMIC

Augmenter le SMIC ? Même la gauche y a renoncé. En 2015, après le tournant gestionnaire du quinquennat Hollande, le gouvernement a préféré créer la prime d’activité . Une autre façon d’accroître le pouvoir d’achat des travailleurs modestes, mais sans peser sur le coût du travail et donc sur l’emploi.

En vigueur depuis janvier 2016, la prime d’activité permet à un employé au SMIC d’arrondir de 130 euros son salaire (1.200 euros nets) pour un célibataire. C’est un argument séduisant pour donner l’avantage à l’emploi par rapport à l’inactivité. En acceptant de se faire embaucher au SMIC, une personne au RSA perd 470 euros de revenu de solidarité active et 260 euros d’allocations logement. Grâce à la prime, quand elle signe pour un mi-temps, son revenu mensuel s’accroît de 290 euros, au lieu de 50 euros si la prime n’existait pas. Pour un plein-temps, elle vivra avec 540 euros mensuels de plus, au lieu de 420 euros.

Cet avantage va s’accentuer, car Emmanuel Macron a promis de revaloriser la prestation par étapes. L’employé au SMIC à plein temps bénéficiera de 30 euros de prime supplémentaire en octobre, plus 60 euros d’ici à 2021. Soit 210 euros de bonus à terme (2.520 euros par an).

Plus de 5 milliards d’euros par an

La revalorisation de la prime d’activité est un habile substitut au traditionnel coup de pouce au SMIC , d’autant plus que le niveau du salaire minimum est plutôt élevé en France par rapport aux pays voisins.

D’ailleurs, les experts indépendants chargés d’évaluer chaque année la nécessité d’un coup de pouce au SMIC ont jugé en janvier que l’économie n’était pas encore en état de le supporter . L’exécutif s’est donc contenté de la revalorisation automatique basée sur deux paramètres : l’inflation subie par les 20 % de ménages les plus pauvres et le pouvoir d’achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés. Encore plus sévères avec le SMIC, les experts avaient préconisé de ne garder que l’inflation, voire de supprimer la règle en bonne et due forme. Au nom de la lutte contre le chômage et la pauvreté.

Cependant, cette priorité donnée à la prime d’activité sur la revalorisation du SMIC a des limites. D’abord, elle coûte cher à l’Etat, vu son succès : plus de 5 milliards d’euros par an. Elle est aussi bien plus généreuse que son prédécesseur le RSA activité, puisqu’un travailleur isolé peut en bénéficier jusqu’à 1,3 SMIC, alors que le plafond était autrefois à 1,1 SMIC. Un couple avec deux enfants peut cumuler jusqu’à 2,4 SMIC de revenus.

Une partie du gouvernement souhaite donc « recentrer » la prime d’activité . Plusieurs pistes ont été étudiées, telles que l’abaissement du seuil de revenu maximum, ou le fait de limiter dans le temps le versement d’une partie de la prestation. Mais suite aux polémiques sur les aides sociales, ces réflexions ont été suspendues.


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