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Concurrence : les biologistes et les pharmaciens dans le viseur

En novembre, l’Autorité de la concurrence a décidé de passer en revue le secteur de la santé, sans attendre une saisine extérieure. L’enquête en cours devrait aboutir à deux avis. L’un portera sur la filière de distribution du médicament et sur les laboratoires de biologie et sera publié fin 2018-début 2019. L’autre paraîtra six mois plus tard, et scrutera le prix du médicament – un sujet complexe en raison des stratégies internationales des firmes pharmaceutiques et de la difficulté à comparer les systèmes de santé.

Le maillage des biologistes préservé

A travers les deux premiers sujets, c’est la question de la détention du capital, et de la part réservée aux professionnels de santé, qui est en jeu, même si ce n’est pas le point de départ. Les laboratoires de biologie se sont déjà ouverts aux investisseurs privés, afin de permettre  la constitution de groupes solides , capables de moderniser les structures. Cela a eu pour effet de faire passer le nombre d’opérateurs de 4.000 à 500 en dix ans, mais sans réduire le maillage territorial des centres d’analyses biologiques.

En 2013, la parenthèse s’est refermée pour ceux qui voulaient accueillir des capitaux étrangers. Par dérogation, seuls les opérateurs l’ayant déjà fait ont pu continuer leur politique d’achats, les petits laboratoires devenant une cible pour ces acteurs mieux dotés. Une concurrence inégale à laquelle l’Autorité ne peut rester aveugle.

Deuxième sujet, le réseau de distribution du médicament. L’Autorité se penche sur le sort des grossistes répartiteurs. Ils peinent à conserver leurs marges, coincés entre un réseau pharmaceutique puissant et des multinationales du médicament qui se sont lancées dans la vente directe.

Ouvrir le capital des officines

Elle étudie également le réseau officinal, qui va très vite faire face à de lourds investissements – développement de la vente en ligne, télémédecine, etc. La structure atomisée du marché (22.000 officines), due à la  détention des sociétés par les seuls pharmaciens , n’est pas propice à l’accumulation du capital. D’autant plus que les jeunes installés sont lestés de dettes. L’Autorité pourrait s’inspirer de l’expérience des laboratoires de biologie pour recommander une ouverture du capital des pharmacies, d’autant plus que la Cour des comptes a estimé qu’il y avait 10.000 officines surnuméraires.

Elle devrait redire, pour la quatrième fois en six ans, la nécessité de lever les freins au développement de la vente en ligne de médicaments. La France applique à contrecoeur la règle européenne, imposant par exemple d’entreposer les comprimés dans des bâtiments contigus à l’officine, ce qui coûte cher en centre-ville.

De même, elle repassera probablement le message sur la nécessité de mettre fin au monopole officinal pour la vente de médicaments dont la prescription est facultative. En 2013, elle avait recommandé l’ouverture aux grandes et moyennes surfaces et à la parapharmacie, à condition de recruter un diplômé en pharmacie, et d’installer un corner et une caisse séparés.


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