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Edouard Philippe face à l’impopularité persistante des 80 km/h

Dès dimanche, les Français devront rouler moins vite sur les routes secondaires. La vitesse maximale sur les routes sans séparateur central passera de 90 à  80 km/h à partir du 1erjuillet. Si cette mesure fait les affaires des vendeurs d’ assistants de conduite , elle coûte cher à Edouard Philippe et Emmanuel Macron sur le plan politique.

Depuis son  annonce en janvier , l’exécutif met en avant les vies qu’il espère voir sauvées (entre 350 et 400 par an). La mortalité routière a très légèrement baissé en 2017 (-1,4 %), mais elle était remontée au cours des trois années précédentes après avoir touché un point bas en 2013. Il rappelle aussi l’impopularité de plusieurs mesures de prévention routière (ceinture obligatoire à l’avant puis à l’arrière…) au moment de leur annonce, alors que plus personne ne les remet en question aujourd’hui.

Mais rien n’y a fait. Alimentée par l’opposition des Français – trois sur quatre sont contre, selon un sondage Odoxa – et disposant de nombreux relais, la polémique sur les 80 km/h n’est jamais retombée depuis janvier.

Fronde des élus locaux

Les associations d’automobilistes et de motocyclistes se sont mobilisées et ont fait beaucoup de bruit, multipliant les manifestations. Les élus locaux ont aussi mené une fronde, dénonçant aussi bien le manque de concertation que la verticalité d’une mesure qui, à leurs yeux, ne prend pas en compte les spécificités régionales. Edouard Philippe a rejeté les propositions faites par plusieurs parlementaires pour assouplir cet abaissement. Seule concession concédée par le gouvernement : il se donne deux ans pour juger de l’efficacité de cet abaissement, qu’il promet d’annuler si les résultats ne sont pas concluants.

Angle d’attaque de la droite

De son côté, LR et le FN y ont vu un angle d’attaque inespéré pour dénoncer le « président des villes » qui impose d’en haut aux territoires ruraux des décisions sans concertation et sans prendre en compte leurs spécificités.

« On prend une décision qui concerne les territoires ruraux sans aucune concertation avec ces territoires ruraux, et on leur demande de payer […], ça illustre la méthode », a relancé jeudi sur CNews Gérard Larcher, le président du Sénat.

Au sein même de la majorité, cette nouvelle limitation a suscité des remous. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a exprimé tout haut ses réticences, fragilisant Edouard Philippe, qui est en première ligne sur le dossier. Le Premier ministre a prévu de rencontrer les pompiers ce vendredi et sera sur RTL lundi matin. Histoire de faire et refaire la pédagogie d’un abaissement qui a du mal à passer.


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