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Pétrole : au Texas, les chauffeurs routiers gagnent autant que les traders

Dans l’ouest du Texas, les chauffeurs routiers sont les rois du pétrole. Littéralement. Salaires à six chiffres et augmentations de 25 % sont devenus monnaie courante dans la profession. Depuis deux ans, dans le bassin texan du Permien, qui abrite la moitié des machines à forer du pays, le pétrole de schiste s’est remis à couler à flots, tiré par la remontée des prix .

Et les chauffeurs routiers, qui acheminent l’eau et le sable sur les zones de forage, puis transportent le pétrole que des pipelines déjà pleins à ras bords ne peuvent plus contenir, sont devenus une ressource plus rare que le brut lui-même.

90.000 euros par an

Depuis quatre ans, le nombre de camions intervenant dans le processus de fracturation hydraulique dans le Permien a augmenté de 54 %, selon Goldman Sachs, à près de 22.500 par jour. Dans ce contexte, un chauffeur routier dans la région gagne en moyenne 105.000 dollars par an (soit 90.000 euros) , selon le « Wall Street Journal », soit le double de la moyenne de la profession.

Les chauffeurs peuvent toucher plus de 1.000 dollars par jour et imposer leurs conditions, comme un logement gratuit. Avec un taux de chômage tombé sous les 4 % au niveau national, certaines entreprises embauchent même des candidats sans expérience à qui elles financent le permis poids lourd. Et aucun ralentissement ne semble en vue : l’insuffisance d’infrastructures, et notamment de pipelines, devrait mettre 3.000 à 4.000 camions de plus sur les routes du Permien l’an prochain, selon Goldman Sachs.

Le prix du sable a doublé

L’inflation du coût du transport commence à rogner les marges que les producteurs avaient reconstituées grâce aux économies réalisées sur les techniques de forage pendant le creux du cycle. « Au dernier trimestre, nous avons observé une inflation des prix du sable et du transport routier », a indiqué Jeff Miller, le PDG d’Halliburton en début d’année, avant d’admettre que ses profits seraient entamés par cette flambée des ressources. Car le prix du sable, autre matière première essentielle au forage de puits de schiste, a doublé à 40 dollars la tonne depuis deux ans, selon IHS Markit . Et la demande, déjà record en 2017, devrait dépasser les 100 millions de tonnes cette année, selon Rystad Energy.

Mélangé à des produits chimiques et à de l’eau, le sable est utilisé en grandes quantités dans le processus de fracturation hydraulique, pour fissurer la roche qui emprisonne le pétrole et le gaz. Pour réduire les coûts, les producteurs creusent désormais des méga-puits, plus profonds et plus larges, et beaucoup plus gourmands en sable qu’il y a une dizaine d’années –  un puits au Texas consomme jusqu’à 5.000 de tonnes de sable (soit 200 chargements de camions).

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La demande explose

L’essentiel du sable utilisé dans la fracturation hydraulique au Texas provient des mines du Wisconsin, à l’autre bout du pays, dont le sable blanc est réputé particulièrement résistant mais dont le coût triple avec le transport. Certains producteurs, comme  Pioneer Natural Resources, ont acheté des mines de sabletandis que d’autres se sont tournés ces derniers mois vers le sable brun du désert du Texas, de moins bonne qualité mais trois fois moins cher, et surtout plus proche des gisements. Mais les exploitants peinent à suivre la demande, qui explose. Sur la vingtaine de mines de sables à l’étude, seule une poignée est actuellement opérationnelle.


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