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EXCLUSIF – Peugeot revient sur le marché de la moto

Ne les appelez plus Peugeot Scooters. Sur une pente dangereuse depuis quelques années, le fabricant de scooters a décidé de se relancer en renouant avec son passé. « Nous reprenons le nom Peugeot Motocycles, et nous allons présenter une moto au Mondial, à la rentrée », affirme aux « Echos » Costantino Sambuy, le directeur général du constructeur de deux roues… qui souhaite aussi, à plus long terme, faire renaître la mythique 103 en version électrique.

Ces « come-back » font partie  d’un plan de redressement très attendu, présenté ce jeudi en comité d’entreprise extraordinaire, aux salariés de Mandeure (Doubs), près de Sochaux. Au guidon depuis un an d’une société qui perd de l’argent depuis 2000, Costantino Sambuy veut tout revoir en trois ans. Il fallait bien passer par une révolution : Peugeot Scooters a perdu 70 millions d’euros lors des trois derniers exercices…

« Nous allons changer de produits, de marché et de technologie », assure-t-il. L’objectif étant de revenir à l’équilibre en 2020. « Quand je suis arrivé ici, l’été dernier, j’ai tout de suite vu qu’il ne serait pas possible de ne pas perdre d’argent en 2018 comme prévu. Peugeot est dans le brouillard depuis vingt ans », souffle Costantino Sambuy.

Alors que le constructeur fabrique aujourd’hui essentiellement des petits scooters thermiques 50 cm3 (70 % de ses ventes l’an dernier) –  un marché en décrépitude du fait des nouvelles normes environnementales, Peugeot veut modifier radicalement le positionnement de sa gamme. La marque au Lion va investir 47 millions d’euros en trois ans (deux fois plus que le budget actuel) pour sortir 7 nouveaux modèles plus haut de gamme, dont trois seront des scooters électriques.

A fond sur l’électrique et le premium

« Nous commencerons sur une offre électrique autour de 5.000 euros, pour monter ensuite en gamme », précise le dirigeant italien. Aujourd’hui, la marque ne dispose que d’un modèle premium, le Metropolis. L’idée est de faire gonfler le prix de vente moyen de 30 %. Côté moto, il s’agira de mettre en concession d’ici 2020 des modèles citadins de moins de 400 cm3 – l’un des segments dynamiques du marché.

Avec ce plan baptisé « Performance 2020 », Peugeot souhaite parvenir à 95.000 ventes dans trois ans, contre environ 60.000 l’an dernier. Pour cela, la société, toujours très centrée sur la France et l’Europe, va se lancer pour de bon au Vietnam, et vise désormais aussi la Malaisie et la Thaïlande.

Le programme en passe aussi par une restructuration. A Mandeure, le directeur veut supprimer 90 postes sur 422 dans l’usine et les bureaux, si possible avec des départs volontaires. Sur place, l’âge moyen des salariés est assez élevé. « Le site est prévu pour sortir 100.000 modèles par an. L’usine ne devrait produire cette année que 7.000 unités. On veut porter ce chiffre à 11.500 en fabriquant ici quatre nouveaux modèles haut de gamme d’ici deux ans et demi », affirme le directeur général, qui veut aussi revoir l’organisation logistique et réduire la superficie du site.

Baisser les coûts fournisseurs

Dans cette nouvelle bataille, Peugeot Scooter peut compter sur Mahindra, qui le contrôle à 51 % depuis trois ans, le solde étant toujours entre les mains de PSA. Le géant indien va aider la société à baisser ses coûts auprès des fournisseurs. Un responsable achat indien vient d’ailleurs d’être nommé. « L’Inde offre des composants 30 % moins chers par rapport à la Chine, notre base actuelle de fournisseurs », pointe Costantino Sambuy. Ce dernier compte s’appuyer sur les technologies voire les usines de Mahindra. Qui va d’ailleurs ouvrir une usine géante de batteries électriques d’ici 2020.

La première moto de Peugeot date de 1898, la dernière jusqu’ici des années cinquante.


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