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L’Elysée arrête sa stratégie de défense économique

L’exécutif arrête enfin sa politique de sécurité économique. Selon nos informations, en conseil restreint de défense ce vendredi, l’Elysée devrait avaliser un nouveau et large dispositif au plus haut niveau. Un conseil spécial de « défense économique » devrait désormais mobiliser régulièrement les ministres de l’Intérieur, de l’Economie et des Affaires étrangères, en plus de Matignon et de l’Elysée.

« La sécurité économique a longtemps été reléguée au niveau administratif, avec un faible appui des services de renseignement et des difficultés à s’imposer au niveau interministériel. Elle devient enfin un véritable objectif stratégique au plus niveau », se félicite-t-on au sommet de l’Etat.

Objectifs stratégiques

Deux comités, réunis eux a priori tous les deux mois, devraient venir en appui de ce conseil de défense. Le « Colisé », un comité de liaison sur les dossiers de sécurité économique associera notamment le SGDSN, le secrétariat général de défense rattaché à Matignon, ainsi que des directeurs généraux au niveau du Trésor et du ministère des Affaires étrangères. Il sera entre autre amené à définir des objectifs stratégiques à un second comité, lui plus discret, le « Corie ». Ce dernier doit réunir les directeurs de la communauté du renseignement (DGSI, DGSE, Tracfin, les douanes, etc.).

C’est le Sisse, le service à l’information stratégique et à la sécurité économique, aujourd’hui logé à Bercy et en charge de la liaison avec les services de renseignement sur les sujets économiques, qui sera la « cheville ouvrière » de l’ensemble de ce dispositif. C’est lui qui assurera le secrétariat général de ces deux comités.

Nouveau patron du Sisse

Cette équipe, qui se serait, dit-on, chargée d’écarter des acquéreurs comme Genting Hong Hong sur  STX , des acheteurs chinois sur  Leroy-Somer ou a été associée à l’action de contre-influence contre le  chinois Huawei , et par ailleurs mène un lourd travail de refonte des normes pour contrer le  droit extraterritorial américain , verra sa gouvernance refondue en profondeur. Le pilotage du Sisse est de fait instable depuis sa création en 2004 et il est privé de chef depuis plusieurs mois.

Ce même vendredi, le Conseil des ministres doit donc aussi entériner la nomination à sa tête de Thomas Courbe, l’actuel numéro deux du Trésor. Cet ancien de la Direction générale de l’armement cumulera cette fonction avec celle de patron de la Direction générale des entreprises (DGE).

« Ministère de l’Industrie »

L’intérêt de cette fonction élargie ? Remonter la sécurité économique à un niveau hiérarchique élevé, en la rattachant à une direction véritablement interministérielle.

C’est aussi l’occasion de donner une nouvelle impulsion plus stratégique à la DGE, chargée de définir et mettre en oeuvre les politiques de l’Etat dans l’industrie, de la chimie aux biens de consommation, en passant par le tourisme. Elle aussi a essuyé une série de critiques de la Cour des comptes et de son approche jugée « trop technique » à Bercy. A sa tête, Thomas Courbe sera donc chargé « d’incarner l’Etat stratège » et de faire de la DGE, un simili « ministère de l’Industrie », en accentuant les réformes engagées par son actuel directeur sur le départ, Pascal Faure.

Nul doute aussi, ne manque-t-on pas de souligner au sein de l’Etat que « cette réorganisation sera un électrochoc pour les services de renseignement, trop timorés sur ces questions ».


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