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Ce qu’il faut retenir du discours de Macron devant le Congrès

Emmanuel Macron a retrouvé ce lundi après-midi les ors de Versailles. Il s’est exprimé pendant près d’une heure et demie devant les parlementaires réunis en Congrès, un rendez-vous qu’il veut annuel  boycotté notamment par la France insoumise et quelques élus de droite .

Le chef de l’Etat, qui a évoqué les chantiers des 12 prochains mois, a annoncé qu’il veut amender la Constitution pour pouvoir écouter et répondre aux parlementaires en Congrès et qu’un plan de baisse des dépenses publiques sera présenté « dans les prochaines semaines » par Edouard Philippe. Le plan pauvreté, reporté à la rentrée par le gouvernement, sera bien présenté « en septembre » et mis en oeuvre « en 2019 », a-t-il assuré. Quant au rendez-vous avec les principales organisations patronales et syndicales, prévu le 17 juillet, il doit permettre de « jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre ». Emmanuel Macron veut notamment proposer aux partenaires sociaux de réviser les règles de l’assurance-chômage pour encourager le retour à l’emploi.

L e président de la République a également annoncé qu’il va recevoir courant juillet les 100 premières entreprises françaises « pour solliciter leur engagement » en matière d’apprentissage et d’embauches, notamment dans les quartiers en difficulté.

VIDEO L’intégralité du discours

Retrouvez ci-dessous les temps forts du discours d’Emmanuel Macron. 

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16 h 30. Le discours est terminé. Place au débat parlementaire. Une fois le chef de l’Etat parti, comme le prévoit la Constitution depuis la révision voulue par Nicolas Sarkozy en 2008, les groupes parlementaires des deux chambres représentés dans l’hémicycle vont s’exprimer pendant 10 minutes à tour de rôle. Sauf changement de dernière minute, les orateurs seront, dans l’ordre d’importance numérique des groupes, Richard Ferrand (LREM, Assemblée), Bruno Retailleau (LR, Sénat), Christian Jacob (LR, Assemblée), Patrick Kanner (PS, Sénat), Marc Fesneau (Modem, Assemblée). Ils seront suivis de Hervé Marseille (Union centriste, Sénat), Jean-Christophe Lagarde (UDI-Agir), Jean-Claude Requier (RDSE, Sénat), Valérie Rabault (PS, Assemblée), François Patriat (LREM, Sénat), André Chassaigne (PCF, Assemblée), Pierre Laurent (PCF, Sénat), Claude Malhuret (Les Indépendants, Sénat), Olivier Falorni (non inscrit, Assemblée).

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16 h 25. Sur l’Europe. « La frontière véritable qui traverse l’Europe est celle aujourd’hui qui sépare les progressistes des nationalistes […] Ce sera difficile mais le combat est clairement posé » et sera « au coeur des enjeux de l’élection européenne de 2019 », déclare le président.

Sur la question des migrants, « jamais la France n’acceptera les solutions de facilité que d’aucuns aujourd’hui proposent qui consisteraient à organiser des déportations, à travers l’Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou en son sein ou ailleurs, les étrangers » non admis en France, souligne le chef de l’Etat.

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16 h 20 : Donner un « cadre » à l’islam à l’automne. « La République n’a aucune raison d’être en difficulté avec l’islam », affirme Emmanuel Macron. « Dès l’automne, nous clarifierons cette situation en donnant à l’islam un cadre et des règles garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République. Nous le ferons avec les Français dont c’est la confession et avec leurs représentants », précise-t-il.

« L’ordre républicain, c’est aussi de ramener dans le giron de la République des pans de société qui s’en sont éloignés », dit-il. « La République n’a aucune raison d’être en difficulté avec l’islam, pas davantage qu’avec une autre religion, la laïcité veut simplement que soit garantie à chacun la liberté de croire et de ne pas croire […] Mais il y a une lecture radicale, agressive de l’islam, qui se fixe pour but de remettre en cause nos règles et nos lois de pays libre dont les principes n’obéissent pas à des mots d’ordre religieux », ajoute-t-il.

« Il faut que tout le monde sache qu’en France la liberté individuelle, de penser, de critiquer, l’égalité des femmes et des hommes, le respect des choix individuels tant qu’ils n’attentent pas aux droits des citoyens sont des principes intangibles », souligne Emmanuel Macron. « Nulle mise en cause de ces principes ne peut être acceptée sur le fondement d’un dogme religieux […] Je sais que l’immense majorité de nos concitoyens musulmans le savent, le partagent et l’approuvent ».

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16 h 15 : Sur le plan pauvreté. Emmanuel Macron assure que « la stratégie de lutte contre la pauvreté », dont la présentation a été reportée, sera bien dévoilée « en septembre et mise en oeuvre en 2019 ». « Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d’investissement et d’accompagnement social », dit-il. « Non pas de nouvelles aides », mais pour les personnes « les plus fragiles » « un accompagnement réel vers l’activité, le travail, l’effectivité des droits fondamentaux : la santé, le logement et l’éducation », déclare-t-il.

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16 h 10 : « Construire l’Etat providence du XXIe siècle ». La « priorité de l’année qui vient » sera de « construire l’Etat providence du XXIe siècle », dit Emmanuel Macron. Il souhaite un système « émancipateur, universel, efficace » et « responsabilisant ». « Des pans entiers de notre population sont trop peu ou trop mal couverts » par la Sécurité sociale […] « nous sommes aujourd’hui laissés seuls face à des risques majeurs comme celui de la perte d’autonomie, des retraites incertaines », remarque-t-il. Il veut un système « couvrant davantage, protégeant mieux, s’appuyant aussi sur les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous ».

Emmanuel Macron affirme que l’éducation est le « combat de notre siècle », qui « libère du déterminisme social ». « C’est le combat de notre siècle parce qu’il est au coeur de nos transformations économiques, de la société post-industrielle » actuelle faite de « changements, de ruptures, de mutations qui nous obligent à mieux former au début de la vie mais aussi tout au long de la vie », dit-il. « L’école est la condition même d’une vie de citoyen libre et autonome », insiste-t-il, rappelant les réformes portant sur l’école obligatoire à trois ans ou le dédoublement des certaines classes. Les dernières décennies, a-t-il lancé, ont « brisé la dignité de la transmission, abîmé le prestige du professeur, discrédité l’utilité du diplôme, aggravant en cela la pire des inégalités […] l’inégalité de naissance, l’inégalité de condition sociale ».

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16 heures : Sur la réforme des retraites. Le président exprime sa volonté d’une réforme des retraites, prévue pour 2019. « Rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui, rien », lance-t-il, sous les premières contestations d’une partie des parlementaires.

« La retraite n’est pas un droit auquel on a cotisé toute sa vie, la retraite est ce que les actifs payent pour les retraités », rappelle-t-il. Il revient sur la polémique sur les pensions de réversion : « Faire croire […] que nous voudrions supprimer les pensions de réversion est une rumeur malsaine visant à faire peur », dit-il.

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15 h 45 : Sur sa politique sociale. « A mes yeux, le coeur même d’une politique sociale n’est pas d’aider les gens à vivre mieux dans les conditions dans lesquelles ils sont nés mais les aider à en sortir », explique Emmanuel Macron. « Ce qui s’est installé avant tout en France, ce sont les inégalités de destin. Elles ont progressé dans notre pays durant ces trente dernières années, qu’on veuille le voir ou non. Pour moi c’est ça qui m’obsède : le modèle français doit choisir de s’attaquer aux racines profondes des inégalités de destin. »

Le chef de L’Etat propose aux partenaires sociaux de réviser les règles de l’assurance-chômage pour encourager le retour à l’emploi. « Les règles de l’assurance-chômage ont pu involontairement encourager le développement de la précarité. C’est pourquoi je souhaite que partenaires sociaux révisent les règles de l’assurance-chômage afin que dans cette période de reprise nous puissions nous assurer qu’elles récompensent bien davantage la reprise d’activité mais aussi qu’elles incitent à la création d’emploi de qualité », dit-il. « Le projet de loi sur l’avenir professionnel sera modifié dans ce sens dans les prochains jours et ses règles modifiées dans les prochains mois, afin qu’une telle réforme puisse entrer en vigueur au printemps 2019. »

Emmanuel Macron annonce aussi qu’il souhaite rencontrer courant juillet les 100 premières entreprises françaises pour leur demander des engagements sociaux, en termes d’ancrage sur les territoires, la formation et l’embauche. « J’attends d’elles qu’elles s’engagent en termes d’apprentissage, d’emplois dans les quartiers difficiles. Je ne leur demanderai pas de s’engager par la loi mais par des engagements actifs, immédiats, visibles, de créations d’emplois, d’embauche d’apprentis » avec « une mobilisation pour nos territoires des principales entreprises et des investisseurs », a-t-il expliqué.

Emmanuel Macron,  qui rencontre syndicats-patronat le 17 juillet prochain annonce vouloir « jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre ». « C’est à son élaboration comme au détail de sa mise en oeuvre que je veux les inviter dès le 17 juillet prochain », ajoute-t-il, précisant vouloir aborder « la réforme de l’assurance chômage ou la santé au travail » dans « un esprit constructif ».

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15 h 40 : sur la baisse des dépenses publiques. Emmanuel Macron annonce que le Premier ministre, Edouard Philippe, présentera « dans les prochaines semaines » un plan de « baisse de nos dépenses publiques ». Il promet « des choix forts et courageux ». « Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l’investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses », affirme le chef de l’Etat. « Cela s’accompagnera d’une réorganisation de l’Etat à travers plus de présence sur les territoires, plus de souplesse de gestion », poursuit-il, souhaitant ainsi « enrayer un mode d’action publique qui a toujours procédé aux économies en réduisant sa présence sur les territoires ». « D’ici la fin de l’année, le Premier ministre présentera l’ensemble de ces décisions pour la transformation indispensable de l’action publique », insiste-t-il.

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15 h 30 : Sur sa politique économique. Emmanuel Macron défend maintenant sa politique économique, et les réformes menées en matière de fiscalité. « La clef d’une économie forte, c’est l’investissement. [….] Une politique pour les entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches, c’est une politique pour toute la Nation », dit-il. « La création de richesse, la prospérité d’une Nation sont le socle de tout projet de justice et d’équité […] Il est mensonger de défendre les salariés si on ne défend pas les entreprises. […] C’est pourquoi ceux qui risquent, qui osent, qui entreprennent doivent nous trouver à leurs côtés », poursuit-il.

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15 h 15 : Sur la révision constitutionnelle. Le chef de l’Etat énumère les grandes réformes votées lors de la première année de son quinquennat. « Vous avez démontré qu’il n’existe pas de fatalité de l’enlisement et de l’échec lorsque prévaut une volonté politique sans faille. », dit-il aux parlementaires.

Il évoque ensuite la révision des institutions, présentée il y a un an dans ce lieu symbolique et actuellement en débat, pour une partie, à l’Assemblée. Emmanuel Macron annonce un amendement au projet de loi constitutionnelle pour permettre à partir de l’an prochain au président de la République d’écouter après son discours devant le Congrès le débat avec l’opposition et répondre aux parlementaires. « J’ai demandé au gouvernement de déposer, dès cette semaine, un amendement au projet de loi de réforme constitutionnelle qui permettra que lors du prochain Congrès, je puisse rester non seulement pour vous écouter mais aussi pour pouvoir vous répondre », déclare-t-il.

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15 h 05. « Humble et résolu ». Macron commence à s’exprimer et revient d’abord sur l’élection présidentielle de 2017. « Je n’ai rien oublié et vous non plus du choix que la France a fait il y a une année : d’un côté choix de la tentation et du repli, de l’autre la promesse républicaine […] Je n’ai rien oublié des peurs des colères accumulées pendant des années qui ont conduit notre pays à ce choix. Elles ne disparaissent pas en un jour, n’ont pas disparu en un an », dit-il. « Je suis devant vous dans ce rendez-vous que j’ai voulu annuel, humble mais résolu […] Je vous le confirme : je sais que je ne peux pas tout, que je ne réussis pas tout. Mais mon devoir est de ne jamais m’y résoudre », lance-t-il.

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15 heures : ouverture du Congrès. François de Rugy, président de l’Assemblée, ouvre le Congrès devant quelque 900 parlementaires.

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Sur Twitter, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, publie une photo de plusieurs ministres et secrétaires d’Etat présents à Versailles.

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13 h 10 : D’abord un déjeuner. Emmanuel Macron est arrivé peu après 13 heures au château de Versailles pour un déjeuner, en amont du Congrès, avec des ténors parlementaires, boycotté par certains. Accueilli, suivant le protocole, à l’arrière du pavillon royal par le président de l’Assemblée nationale et du Congrès François de Rugy (LREM), son homologue du Sénat Gérard Larcher (LR) et le Premier ministre Edouard Philippe, le chef de l’Etat est entré dans le palais sous les honneurs de la Garde républicaine.

Les quatre hommes se sont ensuite rendus au déjeuner, galerie Louis-Philippe, réunissant les membres des bureaux des assemblées et les chefs de groupes parlementaires ayant accepté l’invitation.


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