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SERIE D’ETE: Le Stade, pilier de l’image de Toulouse

« Quand on est toulousain et que l’on va à l’extérieur, dans une conversation, à la deuxième ou troisième phrase, on parle d’Airbus et du Stade toulousain ! », raconte Didier Lacroix, président du  Stade toulousain depuis un an, après avoir été patron de la régie commerciale et joueur. Rarement une ville aura été autant identifiée au rugby, car le palmarès des Rouge et Noir est exceptionnel avec 19 titres de champion de France et 4 coupes d’Europe.

Né en 1907 de la fusion du Stade olympien des étudiants toulousains et du Véto-sport, le Stade toulousain décroche son premier titre de champion en 1912 face au Racing-Club de France. Il remporte cinq championnats de 1922 à 1927, mais le titre suivant n’arrive qu’en 1947, puis le club attend presque quarante ans avant d’être à nouveau sacré en 1985. Débute alors l’époque glorieuse avec 12 titres de champion de 1985 à 2012 et un style de jeu collectif qui a généré le dicton « jeu de main, jeu de Toulousain ». C’est aussi à cette période que la métropole a décollé grâce à l’aéronautique.

Intégré à la ville

Ces dernières années, le Stade toulousain est descendu de son piédestal, terminant 12e du Top 14 en 2017. Mais il prépare sa remontée avec une équipe rajeunie classée 3e cette saison et le prestige demeure. Ses liens avec la Ville rose sont profonds comme le montre son logo formé d’un S entrelacé dans le T, inspiré de la mosaïque de la chapelle de Saint-Thomas d’Aquin dans l’église Saint-Sernin.

On joue beaucoup au rugby dans les lycées et l’Association Stade toulousain rugby compte 661 licenciés (dont 189 féminines) en plus de l’effectif professionnel. Le club a ouvert trois boutiques au centre-ville, au stade et à l’aéroport. Son ancien entraîneur multi-titré Guy Novès (1993-2015) est un demi-Dieu, même après son limogeage brutal de l’équipe de France.

Le Stade toulousain a été précurseur en créant le tournoi international Matra Masters en 1986 qui a préfiguré la Coupe d’Europe, dont il a gagné la première édition en 1996. Il a bien négocié le passage au professionnalisme en 1995 en créant un grand centre de formation et une société anonyme de sport professionnel présidée pendant plus de vingt ans par Jean-René Bouscatel, premier président salarié d’un club de rugby au lieu d’être un président mécène. Car le Stade toulousain, jaloux de son indépendance et détenu à 73 % par deux associations, s’appuie sur un large réseau de sponsors plutôt que sur un grand mécène.

Ses relations avec Airbus remontent à Aérospatiale. « Dans les années 1990, pour les déplacements, on montait dans un ATR 42 chez Airbus qui était piloté par son directeur Claude Terrazoni ! » se souvient Didier Lacroix, qui n’hésite pas à affirmer : « Quand le Stade toulousain va mal, la productivité d’Airbus va mal. On est un remède à la grisaille. » C’est exagéré mais l’avionneur invite des dirigeants de compagnies aériennes aux matchs.

Des centaines de soutiens

Peugeot est un autre pilier du club et les frères Peugeot viennent dans les loges pour le lancement de nouveaux modèles. On y retrouve aussi Fiducial, premier actionnaire privé avec 11,7 % et qui aurait aimé monter au capital, Groupama, Orange, Air France, etc. A leur côté,  des centaines de patrons régionaux soutiennent le club par plaisir et par opportunité, car il facilite l’intégration dans les milieux d’affaires.

Le Stade toulousain business club rassemble 248 entreprises qui ont apporté 13,3 millions d’euros la saison dernière, soit 47 % du budget. Les entrepreneurs sont plus fidèles que le public : avec les mauvais résultats, « le partenariat ne s’est érodé que de 10 % en cinq ans », alors que l’affluence au stade Ernest Wallon a chuté de 18.000 à 14.500 spectateurs.

Les hommes d’affaires se retrouvent dans les loges, à la brasserie du stade et à la réception d’après-match. « Les matchs permettent de rencontrer des entreprises et d’inviter des clients dans un cadre différent qui favorise la convivialité et fluidifie les affaires », témoigne Philippe Robardey, président de la CCI de Toulouse et du groupe d’ingénierie Sogeclair. Des sous-traitants y rencontrent des dirigeants d’Airbus. « Ca permet de se voir plus facilement que de demander un rendez-vous un mois et demi après », constate-t-il.

– 1907 : naissance du Stade toulousain par la fusion du Stade olympien des étudiants toulousains et du Véto-sport.

– 1912 : premier titre de Champion de France face au Racing-Club de France.

-1982 : ouverture du stade Ernest-Wallon, qui sera agrandi à 19.500 places en 2003.

1996 : première Coupe d’Europe remportée face à Cardiff.

– 2012 : 19e titre de champion de France face au Rugby-Club toulonnais.


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