EconomieÉconomie France

« Les TPE-PME sont peu sensibilisées à la formation de leurs salariés »

Les OPCA sont-ils les principaux responsables des inégalités d’accès à la formation ?

Ces critiques récurrentes sont excessives. Il est difficile de répondre de manière indifférenciée pour tous les OPCA, mais un nombre significatif de ces organismes ont déployé des efforts pour sensibiliser les TPE à la formation et leur offrir des services de proximité. Mais la réduction de leurs ressources les a empêchés de développer une approche adaptée aux moins qualifiés ou aux salariés des TPE-PME. La faiblesse dénoncée tient davantage de la faible sensibilisation des dirigeants de ces entreprises aux enjeux de la formation de leurs salariés. Sensibilisation qui n’est pas suffisamment relayée par les fédérations professionnelles.

Les OPCA vont se métamorphoser en Opérateurs de compétences (OPCO). Est-ce réaliste de vouloir caser toutes les branches professionnelles dans une quinzaine d’OPCO cohérents économiquement ?

Si la recomposition se fait par simple addition de branches, la logique de filière, appelée des voeux de l’exécutif, ne verra pas le jour. Reste à définir le périmètre et les critères de cohérence de ces filières. Les OPCA interprofessionnels, il en subsistera sans doute au moins un, ouvrent déjà des perspectives intéressantes pour cette approche. Agefos PME par exemple a développé des projets autour de la filière mer incluant des sous-ensembles des branches construction navale, pêche, transport maritime, nautisme ou infrastructures portuaires. Cela favorise les parcours individuels et la mutualisation d’actions de développement des compétences. Cette transversalité est plus difficile à envisager à partir d’OPCA de branche.

Les OPCO seront-ils en mesure d’assumer en un an les nouvelles missions que leur assigne la réforme comme l’apprentissage, l’anticipation des compétences et le plan de formation des TPE/PME ?

L’étude que nous avons rendue au ministère du Travail montre que la plupart des OPCA sont déjà en mesure d’assumer leurs nouvelles missions. Au fil des réformes depuis une quinzaine d’années, ils ont développé des capacités d’adaptation, de résilience et d’anticipation qui les ont préparés au tournant qui s’annonce. La collecte n’est plus vraiment leur métier. Ce dernier porte plutôt sur l’accompagnement des entreprises sur l’évolution de leurs métiers et sur l’accompagnement des parcours individuels. N’oublions pas aussi que les OPCA gèrent depuis 10 ans les observatoires prospectifs des métiers et des qualifications.

Les OPCA affirment que supprimer la collecte, c’est se passer d’une relation directe avec les PME ce qui sera préjudiciable à leurs missions…

La suppression de la collecte n’aura pas en elle-même de grosses conséquences. Mais elle soulève plusieurs questions. Le transfert à l’Urssaf risque de complexifier les circuits de financement. Il portera un coup au paritarisme de gestion de ces organismes, et donnera plus encore l’impression aux entreprises que la formation est un prélèvement obligatoire, une charge au même titre que d’autres cotisations versées à l’Urssaf. Enfin, même si cette collecte était devenue très secondaire pour les OPCA, elle n’en restait pas moins, c’est vrai, un moment privilégié, qui pouvait servir de clef d’entrée dans les entreprises et de levier pour une offre élargie de services en ressources humaines.


Continuer à lire sur le site d’origine