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Le boom des kinésithérapeutes risque de coûter cher

Masseur-kinésithérapeute, un métier qui a la cote . En seize ans, la profession a vu croître ses effectifs de 61 %, pour atteindre 85.000 kinés en exercice sur le territoire en 2016. Alors que les quotas d’étudiants ont été relevés, les diplômés à l’étranger affluent en dehors de ces quotas, et représentent 33 % des nouvelles installations – la moitié de ces diplômés étrangers sont d’ailleurs français.

Et les effectifs de kinésithérapie n’ont pas fini de croître. Selon les projections de la Direction de la recherche du ministère de la Santé (Drees), ils pourraient encore augmenter de 57 % d’ici à 2040, soit 133.000 personnes. Dans le même laps de temps, la population totale n’augmentera que de 9 %.

Voilà au moins une profession de santé dont la démographie n’est pas sinistrée, alors que les médecins, les pédiatres ou les ophtalmologues se font rares. La densité de kinésithérapeutes, elle, ne cesse de croître. Elle est passée de 87 à 127 professionnels pour 100.000 habitants entre 2000 et 2016. Et devrait encore s’intensifier à 184 pour 100.000 habitants en 2040.

Vieillissement de la population

Cela réjouira les patients, mais la Sécurité sociale devra en gérer les conséquences. Car l’offre crée la demande, dans le champ de la santé : plus il s’installe d’infirmiers ou de masseurs, plus la consommation de soins augmente à l’échelle locale. L’Assurance-maladie, qui fait la chasse aux dépenses d’auxiliaires médicaux, a encore enregistré une croissance de 3,4 % des remboursements de kinésithérapie de juin 2017 à juin 2018, à 3,3 milliards d’euros. Ce n’est pas un emballement, mais cela va trop vite.

L’étude démographique de la Drees tempère toutefois l’impact de ces chiffres bruts. Le déséquilibre entre l’offre et la demande en 2040 ne sera pas si fort qu’il y paraît, car la population vieillit. Or les plus de 75 ans consomment cinq fois plus de masso-kinésithérapie que la moyenne. Bien sûr, il reste de nombreuses inconnues du côté de la demande : à l’avenir, les personnes âgées seront-elles mieux maintenues en forme avec plus d’exercice physique ? Les protocoles de soins vont-ils évoluer ?

Du côté de l’offre de soins, il faut aussi affiner le modèle. En équivalent temps plein, cette offre ne devrait pas progresser de 57 % mais de 54 % d’ici à 2040, calcule la Drees. Car les jeunes kinésithérapeutes consacrent moins de temps à leur travail que les générations précédentes. Idem pour les femmes – dans une profession qui se féminise – et pour les professionnels âgés – qui sont de plus en plus nombreux. En fin de compte, la densité professionnelle, pondérée par les caractéristiques de la demande et de l’offre, devrait augmenter de 19 % d’ici à 2040, selon la Drees.


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