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Un lac d’eau salée détecté sur Mars

La quête de la vie sur Mars prend un nouveau tournant. Selon une étude publiée par la revue américaine  Sciences , une analyse radar sous la glace du pôle sud de la planète rouge a révélé l’existence, pour la première fois, d’une étendue d’eau liquide d’environ 20 km de large, à 1,5 km sous la surface.

Il y a plus de 3,6 milliards d’années, Mars était une planète chaude et humide. La perte de son atmosphère, balayée par les vents solaires, l’a transformée en astre froid, désertique et aride. Et jusqu’ici, l’eau n’était apparue aux instruments envoyés depuis la Terre que sous forme de traces de ruissellement ancien à la surface ou de glace.

« C’est un résultat stupéfiant qui laisse penser que la présence d’eau sur Mars n’est pas seulement un ruissellement temporaire révélé par de précédentes découvertes, mais une masse d’eau permanente qui crée les conditions pour de la vie sur une période de temps prolongée », a commenté Alan Duffy, professeur associé à l’université de Swinburne (Australie), qui n’a pas participé à l’étude.

Des « taches » brillantes sous la glace

La présence de ce lac a été révélée par la sonde de l’Agence spatiale européenne (ESA) Mars Express, qui orbite autour de la planète rouge depuis décembre 2003. Grâce à un instrument nommé Marsis, capable de sonder la glace des pôles jusqu’à une profondeur de 3 à 4 km, elle a rapidement renvoyé vers la Terre l’existence d’une anomalie sous le pôle sud.

Apparue sous la forme de taches plus brillantes que la glace, cette bizarrerie n’a d’abord pas attiré l’attention des scientifiques car elle n’était pas visible à chaque passage de la sonde. « Nous ne voyions pas ce que nous avions sous le nez », a déclaré à Science Roberto Orosei, membre de l’équipe responsable de Marsis à l’Institut national italien d’astrophysique de Bologne.

L’énigme de la présence d’eau liquide

Pour tenter d’y voir plus clair, Mars Express a donc survolé le pôle sud à 29 reprises entre 2012 et 2015. De quoi confirmer la présence de ce lac, sans toutefois pouvoir estimer sa profondeur. Restait à expliquer la présence d’eau liquide sous la glace.

Des aquifères similaires existent dans les régions polaires terrestres. L’eau y est liquide grâce à la pression exercée par la glace qui la surplombe et par la chaleur émise par le noyau terrestre. Sur Mars, la température du noyau n’est pas assez élevée et la pression de la glace n’est pas assez forte pour expliquer ce phénomène.

Des conditions impropres à la vie

L’une des hypothèses envisagées tient sur une forte concentration en sels au sein de ce lac, qui abaisseraient le point de fusion entre l’état solide à l’état liquide. Dans les faits, cela implique que cette eau sous le pôle de Mars serait à la fois glaciale et saumâtre. Des conditions impropres au développement d’organismes vivants.

Mais la découverte inédite de ce lac démontre qu’il est possible de trouver de l’eau liquide sur la planète rouge et alimente l’espoir de découvrir d’autres nappes plus propices. A partir de 2020, le rover de la mission Exomars embarquera notamment son propre radar pour sonder le sol de la planète. Avec peut-être à la clé la révélation de nouveaux indices sur l’existence de la vie.


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