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Médicaments : les grossistes veulent aussi être payés au forfait

« Nous sommes la pharmacie des pharmacies. » C’est ainsi qu’Emmanuel Déchin, le délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), résume le métier des grossiste-répartiteur. Cette profession réglementée méconnue est chargée de distribuer les médicaments aux officines en respectant de sévères contraintes de maillage territorial, de rapidité de livraison, et d’exhaustivité de l’inventaire. 

Ces grossistes sont à cran et espèrent des mesures en leur faveur dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Comme les pharmaciens, ils souffrent de la politique de réduction des dépenses de médicaments qui grignote leurs marges chaque année. 

Mais le sort des officines a été amélioré depuis 2015, avec la mise en place de rémunérations déconnectées du prix de la boîte de médicaments vendue (un forfait à la boîte, à l’ordonnance complexe et plusieurs types d’honoraires). Rien de tout cela chez les grossistes, qui sont autorisés à prélever 6,68 % du prix de la boîte distribuée, avec un plancher de 30 centimes et un plafond de 30 euros. Ils n’ont aucun moyen de compenser les baisses tarifaires. D’autant que les génériques sont de plus en plus diffusés, avec de gros volumes et des prix réduits. 

La disparition des bénéfices

Résultat, les entreprises ne font quasiment plus de bénéfices depuis cinq ans. « En 2017, nous avons vraisemblablement été dans le rouge », alerte Emmanuel Déchin. La marge réglementée a chuté de 239 millions d’euros entre 2008 et 2016, mais en y ajoutant l’effet des augmentations de charges, le manque à gagner frôle 300 millions sur la même période, selon la chambre syndicale. 

Dans son rapport sur la Sécurité sociale en septembre dernier, la Cour des comptes a estimé que les grossistes avaient supporté deux tiers de la baisse des marges réglementées entre 2007 et 2015. En 2015, ils ont rétrocédé aux officines 223 millions de leur marge réglementée sur les médicaments génériques, pour les convaincre de ne pas se fournir en direct auprès des laboratoires. Certains pharmaciens ont toutefois acheté leurs génériques chez le producteur et touché 90 millions de marge de gros à ce titre. Autant de manque à gagner pour les véritables grossistes.

Un forfait à la boîte

Hors de question pour les spécialistes de la distribution de demander un meilleur partage du gâteau aux pharmaciens : ce sont leurs uniques clients qu’il convient de ménager. La CSRP a préféré demander au gouvernement d’introduire un forfait à la boîte. Il coexisterait avec une marge indexée sur les prix pour les médicaments non-génériques. Pour les génériques, la chambre souhaiterait au minimum 60 centimes par boîte. 

Emmanuel Déchin n’avance pas de montant mais demande « une remise à niveau significative ». Par ailleurs, le syndicat demande un forfait de 50 centimes sur les médicaments thermosensibles et les stupéfiants, afin de compenser des coûts de distribution spécifiques. L’addition atteindrait 35 millions. Enfin, il plaide pour supprimer une taxe sur les génériques qui coûte 40 millions d’euros aux grossistes. 


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