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La canicule met l’économie française sous tension

C’est reparti pour un nouveau tour… de surchauffe. Après une brève et relative accalmie, amorcée le week-end dernier, le mercure s’est remis à frôler les sommets sur presque tout l’Hexagone. Poursuivant leur lancée de ces derniers jours, les températures devraient avoisiner les 35-39 degrés au sud de la Loire jusqu’au Nord-Est et à la Méditerranée, confirmant l’entrée de la France dans une période de canicule que l’on estime « intense et durable » à Météo France et comme elle n’en a pas connu depuis 2006 . Les deux-tiers des départements (66 au total) ont été placés en vigilance orange, jeudi.

Ouvert au mois de juillet – le troisième le plus chaud depuis 1900 – l’épisode de forte chaleur auquel échappe encore une mince bande côtière le long de la Manche, n’est pas fini. Après une très relative pause, attendue lundi, le retour de températures extrêmes, voir hors normes (jusqu’à 40 degrés attendus par endroits dans le Sud-Est) est annoncé jusqu’à mercredi, au moins.

Pertes de productivité

Le dispositif du Plan national canicule (PNC) créé en 2004, après la terrible leçon de la canicule de 2003, va toucher 70 départements, a annoncé jeudi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Les mesures activées dans ce cadre par les préfets visent la protection des personnes les plus vulnérables – les plus âgées et les enfants -, mais aussi les plus exposées, comme le sont les travailleurs de certaines branches d’activités, notamment le BTP. Les employeurs sont tenus de « prendre en considération les ‘ambiances thermiques’ », dont « le risque de fortes chaleurs » auquel il leur est demandé de répondre par des « mesures correctives ».

Des consignes qui peuvent aussi les aider à réduire les pertes de productivité qu’une canicule génère immanquablement. Ces pics de chaleurs font planer d’autres risques importants sur les entreprises de secteurs dits « météo-sensibles ». Dans l’énergie, EDF redoute d’avoir à prendre des arbitrages pénalisants pour ses activités de trading. Actuellement, la demande d’électricité, que l’opérateur doit satisfaire coûte que coûte, est tirée à la hausse par la climatisation et ce alors même que ses capacités sont amoindries par les travaux de maintenance qu’il effectue traditionnellement l’été. Résultat : EDF pourrait n’avoir aucun excédent d’électricité à vendre à l’extérieur de l’Hexagone.

Des opportunités pour la distribution

La situation risque également d’être délicate pour RTE. Ses lignes électriques, sous l’effet de grosses chaleurs, peuvent se dilater et rompre, entraînant des coupures. Un risque que la météorologie peut lui épargner. « Nous lui fournissons des avertissements qui lui permettent de prendre des dispositions, comme délester le trafic en passant par une autre ligne », explique Alain Fleitz, directeur des ventes à  Météo France . Ses prévisions laissent à ses grands clients de l’industrie jusqu’à 42 jours pour se retourner et éviter les ennuis.

Des problèmes qui commencent à se poser à la SNCF dès les 34 degrés à l’ombre franchis. Au-delà, les rails commencent à se dilater et les caténaires à se déformer, pouvant entraîner des dégâts sur le matériel roulant. Dans le BTP, mieux vaut s’abstenir de couler du béton sous haute température. Ce matériau sécherait trop vite et présenterait des fissures. Les enseignes de la grande distribution sont sur les dents également. La prévision précise d’une canicule leur permet d’optimiser les ventes de certains produits, d’autant que la chaleur tend à précipiter les clients dans leurs magasins climatisés. Les médias, autres gros clients de Météo France, ne sont pas les moins « météo-sensibles ». En période de vigilance canicule, la minute de pub qui précède la météo se vend cher.


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