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Les festivals de musique dopent la fréquentation des stations de montagne

Soutenir l’économie de la montagne, attirer la clientèle l’été, remplir les semaines creuses en hiver, faire vivre des infrastructures sous-utilisées et des commerces désertés, dynamiser l’image à l’international : tels sont les missions des festivals musicaux des stations de montagne. Ces événements, gratuits ou payants et aux budgets variant de quelques centaines de milliers d’euros à plusieurs millions, s’intéressent à toutes les musiques : classique (Les Arcs, la Meije, Prades), celtique (Albiez-Montrond), jazz (Puy Saint-Vincent, Montgenèvre), country (Crest-Voland), électro (La Clusaz), blues (Megève), rock (Portes du Soleil)… 

Et les organisateurs n’hésitent plus à s’offrir des marques. Depuis six ans, Garorock (Lot-et-Garonne) se décline l’hiver en Garosnow aux Angles (Pyrénées), et pour la première fois en avril dernier  Les Francofolies de La Rochelle sont montées jusqu’à Tignes. Quant au pop rock Musilac, qui depuis plus de quinze étés fait danser au bord du lac du Bourget, il s’est, lui, lancé cette année un défi printanier à Chamonix, commune qui accueille déjà l’électro Unlimited et le Cosmojazz cher à André Manoukian et ses 35.000 fans.

Pourtant, produire un festival en montagne engendre un surcoût estimé de 30 % à 40 %. Verbier a, par exemple, équipé d’un second toit en résine micro-perforée la vaste tente sous laquelle sont donnés les concerts symphoniques, afin d’épargner aux mélomanes les aléas d’une météo souvent capricieuse. La troisième soirée de Musilac à Chamonix a ainsi dû être annulée en avril dernier.

Diversifier l’offre

Malgré leurs contraintes, ces événements font partie intégrante du modèle économique des stations qui les accueillent. « Sans le festival, nous ne pourrions ouvrir l’été. Cela nous permet de fidéliser notre personnel et de diversifier notre clientèle », observe Muriel Hertig, qui a grandi dans une famille d’hôteliers de Courchevel avant de prendre la direction d’un quatre-étoiles à Verbier, où elle n’hésite pas à offrir 60 nuitées aux artistes de  ce festival de musique classique  au coeur des Alpes suisses. « Avec le réchauffement climatique, quelle saison de ski aurons-nous dans 20 ans ? Déjà la neige est rare en décembre et fin avril tout ferme. Il faut sauver ces villages en créant des saisons d’été dynamiques », fait valoir Martin Engström, fondateur du Verbier Festival.

Et l’hiver, les vacanciers ne passent plus huit heures sur les pistes mais quatre ou cinq, relève la commission Evénement des Portes du Soleil. « L’apprentissage du ski par des classes de neige ayant quasiment disparu, il faut renouveler la clientèle, en offrant un tourisme d’expérience plus que sportif. Une station doit aussi être un lieu de vie à part entière », observe le directeur de l’Alpe d’Huez, Christophe Monier.

Fort impact économique

L’impact économique s’avère, pour certaines stations, à la hauteur des efforts consentis. Parmi les pionniers, la très réputée  Académie-Festival des Arcs , créée en 1973, a incité bien des mélomanes à y investir dans un bien immobilier. Le Verbier Festival, fondé il y a 25 ans, a ainsi généré 26 millions d’euros en 2014, selon Mc Kinsey, et a contribué à l’image « chic » de la station faisant  flamber les prix de l’immobilier jusqu’à 6.000 euros le mètre carré. Quant à Rock the Pistes, et ses 600.000 euros de budget financés par les remontées mécaniques des Portes du Soleil (pour 55 %), les pass ski + concerts (20 %), les partenariats (15 %) et les subventions (10 %), il génère la vente de 30.000 forfaits et assure des taux d’occupation hôteliers exceptionnels, tandis que les retombées médias sont évaluées à 4,5 millions d’euros.


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