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Malgré la canicule, la France reste plutôt épargnée par la sécheresse

Avis de sécheresse dans 39 départements. Depuis dimanche minuit, les préfets ont à l’oeil les consommateurs – agriculteurs, foyers, entreprises, collectivités – pour ménager la ressource en eau. Ceux situés essentiellement dans l’est de la France, dans les Pays de la Loire et le sud-ouest, sont invités à réduire leurs prélèvements, voire à les stopper. Des territoires où les effets de la sécheresse sont « beaucoup plus graves » que dans l’ouest, a expliqué lundi Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture. Avec des impacts qui, selon lui, « se font surtout sentir sur le maïs et les prairies, donc par voie de conséquence sur l’élevage qui tape déjà dans les stocks de fourrage d’hiver ». Et d’annoncer la mise en place d’aides au transport de foin au profit des régions où il en manque.

Mais de là à dire que la France est à court d’eau, il y a un pas qu’il s’est refusé à franchir. « Il s’agit d’une sécheresse de surface et pas de profondeur, les réserves hydriques sont à un niveau correct dans beaucoup de régions », a précisé le ministre. Alors que le pays étouffe de chaleur comme rarement, l’état de ses réserves en eau ne donne aucun signe de début de tarissement. « Nous avons encore des niveaux de nappes phréatiques relativement hauts pour la saison », observe Philippe Vigouroux, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques minières (BRGM) . A supposer que la canicule, censée s’achever ce mardi sur une partie du territoire, se manifeste à nouveau lors des jours suivants, il y aurait de quoi tenir une nouvelle traversée du désert.

Des nappes bien rechargées

Globalement, le relevé des stocks d’eau disponibles en sous-sol que le BRGM s’apprête à publier dans les prochains jours, devrait ressembler à celui du mois de juillet. Les niveaux « modérément bas » constatés dans le Sud-Est le resteront sans doute, cependant marqués par une dégradation. Tout comme dans le Nord et l’Est, où les niveaux des nappes étaient « autour de la moyenne ».

Ces territoires sont entrés début août dans une période de basses eaux généralisée, ce qui est tout à fait de saison. Tout comme les autres régions, où les pluies hivernales et printanières ont été, en revanche, nettement plus abondantes et plus longtemps. « Entre février et mai, les volumes d’eau qui sont venus recharger les nappes phréatiques ont été énormes », note encore Philippe Vigouroux. Des réserves précieuses que les agriculteurs eux-mêmes ont contribué, selon lui, à constituer en prélevant cette ressource plus tardivement que les années précédentes.

Les eaux de surface les plus exposées

Ces acquis ne dispensent pas d’épargner la ressource comme l’attestent les arrêtés sécheresse visant un gros tiers des départements français. Pris sur la base des bulletins émis, notamment par le BRGM, ils concernent bien moins de départements qu’en 2017 à la même époque, pour l’instant en tout cas. Pour l’heure, 11 d’entre eux sont confrontés à une situation de stress hydrique sur une partie de leur territoire. Là où l’eau ne peut plus être utilisée que pour des usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité.

Pour cette canicule, ce sont les eaux de surface qui apparaissent comme les plus vulnérables. « Les débits ont pu diminuer, explique un expert. Mais le vrai problème, c’est celui de la température. » L’eau des fleuves a tendance à chauffer, ce qui peut la rendre impropre à refroidir les centrales nucléaires. Cette situation a conduit EDF à décider, la semaine dernière, de stopper deux réacteurs nucléaires et de réduire la puissance de deux autres .

A noter que, sur le front des incendies, aucun sinistre majeur n’est, pour l’instant, à déplorer. L’abondante pluviométrie du printemps joue encore, même si la canicule a effacé l’humidité. « C’est quand même moins sec que les années précédentes dans les régions comme la Corse et le Sud où partent habituellement les feux. Et on n’a pas de vent », indique Jean-Pierre Hameau, prévisionniste de Météo-France.


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