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Lait : Sodiaal prêt à reprendre l’usine bretonne du chinois Synutra

Ce sera un soulagement pour les salariés du site. Le groupe coopératif Sodiaal va officialiser ce mercredi sa candidature au rachat de l’usine bretonne de lait en poudre du chinois Synutra. Sodiaal souhaiterait acquérir l’ensemble du site de fabrication de Carhaix (Finistère) d’ici à la fin de l’année. Les négociations intègrent une reprise de la majeure partie des 350 salariés, mais pas de la division mélange et boîtage qui restera la propriété de Synutra.

Voilà deux ans, cet industriel chinois  avait investi 170 millions d’euros à Carhaix dans deux imposantes tours de séchage de 50 mètres de haut, qui placent l’usine de 38.000 m² au premier rang européen. « Trop optimiste », le groupe a réalisé un site « très au-delà de ses besoins », estime un proche du dossier. En janvier dernier, Synutra avait même déposé un permis de construire pour une seconde usine à Carhaix dédiée au lait UHT. Et un autre projet était en discussion en Suisse avec la société Translait.

Gagner de trois à quatre ans

De son côté, Sodiaal, qui a fait du lait infantile l’une de ses priorités, affirme se frotter les mains. En reprenant l’unité de Carhaix, il estime pouvoir gagner de « trois à quatre années » sur son calendrier d’investissements. « Nous avions deux options, explique le groupe, soit construire une nouvelle usine de poudre de lait car nous manquons de capacités, soit reprendre un outil existant. » Si l’accord est conclu, Sodiaal va continuer de produire pour Synutra qui lui achètera la poudre dont il a besoin pour remplir ses boîtes.

L’objectif du groupe coopératif est de trouver d’autres débouchés, afin d’assurer du travail aux 700 producteurs qui devaient initialement approvisionner le site en lait frais. Depuis un an, les livraisons ont été réduites de moitié. De quoi inquiéter les éleveurs concernés, même si leurs volumes restants sont destinés à d’autres usines. « Une unité comme celle de Carhaix, modère un spécialiste, nécessite trois à quatre années d’activités avant d’être réellement rentable. »

Sodiaal, qui a déjà obtenu les agréments nécessaires pour vendre en Chine les laits en poudre de deux autres usines françaises, en Haute-Loire et dans Nord, a de l’appétit pour ce marché. Sur un total de 770.000 tonnes consommées par an en Chine, les importations de lait en poudre infantile en concentrent 300.000 tonnes.

Des règles plus strictes

Longtemps considéré comme un eldorado, le marché chinois a néanmoins beaucoup déçu. Depuis le 1er janvier dernier, les autorités de Pékin ont rebattu les cartes en imposant aux industriels des règles plus strictes en matière de qualité et de volumes. Elles les obligent notamment à limiter à trois le nombre de marques et de références par usine.

« Les Chinois veulent mieux réguler leurs fournisseurs », insiste Christian Griner, l’un des dirigeants du groupe coopératif Even qui a lancé en début d’année une usine de lait en poudre infantile à Créhen (Côtes d’Armor) moyennant 80 millions d’euros d’investissements. Sous pression, l’industriel n’a toujours pas obtenu les agréments pour exporter en Chine. « On les espère pour 2019. On va y aller avec des partenaires locaux qui disposent de leurs marques », précise Christian Griner.

A Méautis, dans la Manche, Les Maîtres Laitiers du Cotentin  ont aussi investi 116 millions d’euros avec l’aide de la Banque européenne d’investissement pour produire des briquettes de lait infantile liquide pour Synutra. Le groupe, qui avait signé un contrat d’approvisionnement de onze ans avec eux, a néanmoins décidé d’y mettre fin, selon nos informations.

Reste que le marché mondial, estimé à 25 milliards d’euros par an (source Nielsen), continue de susciter des convoitises. Après plusieurs années de négociations avec les collectivités et de multiples recours, le groupe privé laitier Sill vient d’obtenir le droit de construire une tour de séchage dans le Finistère moyennant 80 millions d’euros. Cet investissement répondra-t-il à leurs espoirs ?


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