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« France insoumise, le parti nationaliste qui ne dit pas son nom »

Faire des élections européennes un « référendum anti-Macron ». Voilà la seule vision que Jean-Luc Mélenchon propose depuis plusieurs jours pour les élections européennes de mai 2019. Tout en se défendant d’un repli sur soi nationaliste. Tout en réfutant une convergence de son discours sur l’Europe avec celui, déjà éprouvé, d’autres mouvements nationalistes revendiqués, chez nos voisins européens mais aussi en France.

Pourtant, les faits parlent d’eux-mêmes. Le 23 octobre 2017, à la tribune de l’Assemblée nationale, c’est avec un discours d’une grande dureté que M. Mélenchon a critiqué la participation de la France au budget européen demandant que nous ne payions pas plus que ce que nous recevons. Mais où est donc le sens de la solidarité de M. Mélenchon, valeur fondatrice de l’Union à laquelle on pourrait pourtant penser qu’il est sensible ?

Cette solidarité est indispensable si nous voulons sérieusement aider des pays qui sortent tout juste d’une crise financière épouvantable comme la Grèce. C’est aussi oublier bien vite que le budget de l’Union européenne permet, avec la politique agricole commune comme avec les fonds structurels, d’agir au plus près des territoires et qu’il bénéficie aussi aux plus fragiles : un repas sur quatre proposé par les Restos du coeur est ainsi financé par le Fonds européen d’aide aux plus démunis.

Où se trouve la solidarité européenne du leader de La France insoumise lorsque dimanche dernier à Marseille, présentant ses plans A et B pour l’Europe, il explique très tranquillement qu’en cas de désaccord, la France ne respectera plus les traités européens, accusés au passage de démembrer les nations ?

Convergence des nationalismes

Cette conception du dialogue européen réduite au chantage, nous ne la connaissons que trop bien, c’est celle du cavalier seul  du ministre de l’Intérieur italien, M. Salvini, lorsqu’il refuse les débarquements de migrants secourus en mer dans le port sûr le plus proche.

De même au Parlement européen, où députés La France insoumise (LFI) et Rassemblement national (RN) s’unissent parfois dans un front du refus stérile. C’est le cas pour la révision du régime des travailleurs détachés, une des plus grandes avancées dans le domaine social de ces dernières années, pour laquelle l’action du président de la République a été déterminante. Qu’ont voté Nicolas Bay, coprésident du groupe Europe des nations et des libertés et ex-secrétaire général du RN, comme Younous Omarjee député rattaché à LFI ? Contre ! 

A l’Assemblée nationale, pour ne pas être en reste, c’est avec entrain que le député Louis Aliot (RN), dont le nom est évoqué dans les médias  comme tête de liste du RN pour les élections européennes, avait soutenu à l’automne dernier la proposition de La France insoumise de faire retirer le drapeau européen de l’hémicycle du Palais-Bourbon.

Enfin, il est frappant de voir la proximité des termes avec lesquels Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen défendent l’idée que la France devrait être plus proche de la Russie que de ses partenaires de l’Union européenne.

Une Europe synonyme de progrès

Face à cette convergence des nationalismes européens, nous faisons le choix, avec le président de la République, d’une Europe forte et ambitieuse.

Aucune frontière nationale ne peut à elle seule apporter de réponse crédible au défi migratoire. Nous ne parviendrons à réguler les Gafa et à infléchir durablement la température sur notre planète que grâce à une coopération européenne. Nous ne pourrons nous faire entendre dans la compétition économique et commerciale avec la Chine et les Etats-Unis qu’à l’aide d’une Union européenne assez forte pour défendre des règles du jeu ambitieuses et justes.

Si les Français ont aussi dit « oui » à l’Europe en mai 2017, c’est à une Europe refondée, une Europe qui protège. Une Europe synonyme de progrès, en matière de libertés individuelles, de droits sociaux, de développement économique, de protection de l’environnement. C’est toute notre ambition pour les élections européennes du 26 mai 2019.

Nathalie Loiseau est ministre chargée des Affaires européennes.


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