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L’assurance-chômage appelée à faire de nouvelles économies

« Aucun tabou ». Intervenant ce dimanche lors du « Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI », Muriel Pénicaud a confirmé que le gouvernement ne s’interdisait rien pour  la prochaine réforme de l’assurance-chômage . Réduction de la durée d’indemnisation, dégressivité du montant versé, limitation dans le temps des règles de cumul allocations/revenus du travail : tout est sur la table. Ce faisant, la ministre du Travail n’a fait que raviver les craintes des partenaires sociaux qu’au-delà des objectifs politiques affichés – lutte contre la précarité et meilleur retour à l’emploi – ce soit le prisme budgétaire qui domine.

Leurs craintes sont d’autant plus prégnantes que circule une fourchette d’économies que l’exécutif souhaiterait atteindre avec la réforme : entre 800 millions et 1 milliard d’euros. Cette fourchette – non confirmée officiellement – a été évoquée vendredi lors d’une réunion du groupe politique paritaire de l’Unédic, qui réunit les cinq organisations syndicales et les trois organisations patronales qui gèrent le régime d’assurance-chômage. Pour rappel, ces mêmes partenaires sociaux ont acté un montant d’économies équivalent avec la  dernière convention Unédic, conclue mi-2017 .

Moindre mal

« Un milliard, c’est un moindre mal », estime Jean-François Foucard, pour la CGC. « Une fois de plus, on prend le problème à l’envers », note Jean-Michel Pottier pour la CPME. « Nous sommes d’accord pour négocier », a déclaré pour sa part au « Monde » Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, mais pas question « de faire moins sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi que ce qui est fait aujourd’hui »«  Si la logique est purement budgétaire, ce sera « niet » », a-t-il ajouté.

A défaut d’en être le fil directeur, les questions de gros sous seront bien une composante structurante de la réforme. « Une attention particulière devra porter sur la soutenabilité financière du régime au regard de son endettement important », a posé Edouard Philippe dans son courrier invitant syndicats et patronat à  ouvrir les réunions bilatérales en compagnie de Muriel Pénicaud et d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé.

L’Unédic prévoit de  retrouver l’équilibre l’année prochaine , et de dégager plus de 5 milliards d’excédents en 2020 et 2021. De quoi commencer à dégonfler sa dette qui se monte à 35 milliards. Un milliard d’euros d’économies supplémentaires accélérerait le désendettement. Reste à savoir ce que l’on compte, d’autant que tout n’est pas encore arbitré.

A minima, la réforme ne doit pas dégrader les comptes de l’Unédic. Dans cette optique, il faut trouver 800 millions d’économies dans les prestations pour compenser la prise en charge des démissionnaires et des indépendants sous condition comme le prévoit la loi « Avenir professionnel » et une partie de l’ASS,  l’allocation versée aux chômeurs en fin de droits comme il en est question , selon nos informations. Si l’objectif est d’améliorer les comptes de l’Unédic, alors il faudra aller bien au-delà. Certains avancent une amélioration visée – en net – de l’ordre de 2 milliards…

Réunis vendredi dernier, les partenaires sociaux qui gèrent l’Unédic ont arrêté leur propre calendrier pour la phase de diagnostic initiale. Au lieu de quatre réunions comme le leur proposait le ministère du Travail, ils ont conclu pour trois (7, 11 et 12 septembre), suivie d’une séance de synthèse le 14. Syndicats et patronat ont aussi refusé que ces réunions soient pilotées par France Stratégie. L’organisme de prospective rattaché à Matignon interviendra donc en support comme la DGEFP, la Dares, Pôle emploi ou le Trésor.

Ce n’est qu’à partir du 17 septembre que démarrera la phase de concertation avec le ministère – probablement sous forme multilatérale – durant laquelle celui-ci dévoilera ses orientations et ses objectifs d’économies. La lettre de cadrage sera arrêtée dans la foulée. Les partenaires sociaux décideront alors de s’en saisir pour négocier, ou non.


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