EconomieÉconomie France

Formation : les branches professionnelles à l’heure du choix

Les dirigeants et administrateurs des vingt OPCA savent depuis des mois que  la réforme de la formation est synonyme de tsunami pour eux. Ce qu’ils ignoraient jusqu’à ce jeudi, c’est le nombre d’organismes paritaires appelés à survivre et chacun de leurs périmètres. Au nom d’une plus grande cohérence des compétences, le ministère du Travail imaginait d’en agréer entre dix et quinze. Ce devrait être onze selon les préconisations du rapport Marx-Bagorski adoubées par la ministre Muriel Pénicaud.

De peur de ne pas survivre à ce grand chambardement, les OPCA se sont  lancées dans un grand mercato , cajolant « leurs » branches pour les convaincre de rester, draguant « celles » de leurs confères en leur vantant la cohérence de leur projet. Inquiet que ce foisonnement induise un trou d’air dans les entrées en formation, le ministère a  avancé d’un an son calendrier  : toutes les branches professionnelles devront avoir choisi un OPCO en lieu et place de leur OPCA, d’ici au 31 décembre. Faute de quoi c’est le ministère qui choisira pour elles.

Davantage d’échanges

A cette perspective, les branches ont accéléré les échanges. « J’en reçois matin, midi et soir », témoigne le directeur d’un OPCA. « Des gens qui ne s’étaient pas parlé depuis longtemps se sont rapprochés durant les auditions », abonde René Bagorski. De fait, le futur paysage ne peut pas faire entièrement table rase du présent.

On peut imaginer que Contructys, l’OPCA du BTP, se transforme en OPCO de la construction au sens large. La filiation entre l’Afdas et le futur OPCO Culture et médias paraît aussi évidente. Les artisans et professions libérales (Actalians) ont déjà écrit des statuts d’un futur OPCO, avec le soutien de l’U2P.

Un délai de quatre mois

Pour l’industrie hors alimentaire, c’est plus complexe puisque ses entreprises sont éparpillées entre OPCA 3 + (ameublement, bois, papiers cartons, matériaux), OPCA Defi (chimie, pétrole, plasturgie…) ou OPCAIM (métallurgie). Quel avenir enfin pour Agefos PME et Opcalia, les deux grands OPCA dits interprofessionnels ? Ils n’ont plus leur place en tant que tel dans le futur paysage mais le rapport souligne que leur ancrage territorial est un actif « précieux ».

Les quatre mois à venir ne seront pas de trop pour aboutir. Nombre d’OPCA ayant vocation à se regrouper ont des offres de services très différentes. Nombre de branches qui partagent des enjeux de compétences n’ont pas l’habitude de travailler ensemble ou refusent de le faire.

Finalement, la contrainte du sablier aidera peut-être à régler les questions – ô combien sensibles – de gouvernance, c’est-à-dire de partage du pouvoir entre fédérations patronales appelées à faire OPCO commun mais pas toutes du même poids…


Continuer à lire sur le site d’origine