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Les profits du CAC 40 marquent le pas au premier semestre

Après un exercice 2017 presque record – 92 milliards de profits, leur meilleure année depuis 10 ans – les entreprises du CAC 40 abordaient 2018 avec confiance, dans un contexte de croissance mondiale généralisée. A mi-parcours toutefois, le bilan semble un peu moins favorable qu’espéré. Selon les chiffres compilés par Ricol-Lasteyrie et EY pour Les Echos, les profits du CAC 40 ont reculé de 6,8 % au premier semestre 2018, à 48,162 milliards d’euros. C’est 3,5 milliards de moins qu’il y a un an.

« La baisse des résultats est très circonscrite à quelques groupes pour des raisons que l’on connaît. Globalement le premier semestre est plutôt bon », tempère Sonia Bonnet-Bernard, chez Ricol-Lasteyrie. Outre Carrefour, tombé dans le rouge, trois autres valeurs ont en effet enregistré un net repli de leur bénéfice sur un an. Sanofi notamment avait bénéficié en 2017 d’une forte plus-value de cession (la santé animale), alors que Safran a cédé de nombreux actifs en 2017 et qu’Airbus a souffert d’effets de change négatifs et de retards de livraisons. A eux trois, cela représente un écart de 8,7 milliards d’euros sur le total des profits du CAC 40, en grande partie lié à des éléments exceptionnels. Ce n’est donc pas négligeable.

Total, champion des profits semestriels

Par ailleurs, plus de la moitié du CAC 40 a annoncé des résultats en hausse, avec des progressions très nettes pour Accor, Kering, LVMH, Saint-Gobain, Technip, Total et Vinci. Sachant qu’une seule entreprise est en perte sur le semestre, Carrefour.

Finalement, Total, qui profite de la hausse du pétrole, a retrouvé son statut de plus gros contributeur au profit du CAC 40 avec un bénéfice net de 5,25 milliards d’euros. Il devance BNP Paribas (3,96 milliards) et LVMH (3 milliards). Le groupe de luxe – par ailleurs propriétaire du groupe Les Echos-Le Parisien – est le symbole de la montée en puissance du secteur du luxe, « qui devient un gros contributeur du CAC 40 derrière la finance », selon Marc Lefèvre, chez EY, avec un profit aggloméré de 8,31 milliards d’euros, contre 11 milliards pour la finance. « Kering, L’Oréal, Hermès et LVMH affichent en moyenne une croissance des profits de 48,8 % sur un an et si l’on exclut la cession de Puma par Kering, on atteint encore 28 % de hausse ». Hermès, qui a annoncé ces résultats ce mercredi, a publié des chiffres meilleurs que prévu avec un bénéfice de 708 millions d’euros.

Effet de périmètre sur le CAC

Sur le semestre, on constate également un tassement de la croissance, avec une hausse de seulement 0,6 % à 651,38 milliards d’euros. Mais, le chiffre est trompeur, en raison des changements de périmètre à l’intérieur de l’indice, avec les sorties de LafargeHolcim et Nokia, deux poids lourds pesant chacun près de 11 milliards de chiffre d’affaires au profit des poids plus légers Hermès et STMicroelectronics.

De fait, retraité de ces changements, le chiffre d’affaires du CAC 40 progresse de 3,2 % d’une année sur l’autre. En termes de résultat, l’impact est en revanche positif, Nokia ayant subi des pertes importantes en 2017. « Il y a eu un effet négatif lié à la hausse de l’euro pour certaines sociétés, mais il ne faut pas le surévaluer », constate Marc Lefèvre. « Dans le détail, le premier trimestre a été bon en termes de croissance, et le deuxième a été moins bon, mais on ne peut pas parler de changement de tendance. Même s’il y a des inconnues, avec la situation politique en Italie, les menaces de guerre commerciale, l’accumulation des dettes ou les difficultés des émergents, les entreprises continuent de profiter des efforts engagés ces dernières années ». D’autant, abonde Sonia Bonnet-Bernard, que « cette croissance de 3,2 % (à périmètre du CAC constant) intervient après une croissance exceptionnelle de 5 % en 2017. C’est tout de même très bien ».

Vitalité des investissements

Signe de la bonne santé des entreprises, la marge opérationnelle moyenne du CAC 40 demeure stable à 10 % du chiffre d’affaires, un bon niveau même si la moitié des valeurs de l’indice a publié une dégradation de son résultat opérationnel courant sur le semestre, dont Accor (-38 %), Airbus (-37 %), Bouygues (-21 %), Publicis (-24 %), Safran (-38 %) ou Solvay (-34,6 %). Ces résultats ont pu être pénalisés à court terme par les efforts entrepris en termes d’investissement. Car c’est la bonne nouvelle de cet exercice, les « capex » ont bondi de 14,4 % à 33,47 milliards d’euros (+4,2 milliards). « C’est le signe que la confiance est revenue », souligne Sonia Bonnet-Bernard, pour qui ces investissements sont de bon augure pour les années à venir. « Les groupes du CAC 40 vont chercher de la croissance notamment à l’étranger, en utilisant leur trésor de guerre », poursuit Marc Lefevre. Malgré la montée des risques et notamment ceux liés au commerce mondial.

Et pour une fois, Total n’est pas le seul responsable, malgré une progression de 2,2 milliards de ses capex. Ainsi, 21 groupes du CAC 40 ont accéléré leurs investissements au premier semestre, dont 12 de plus de 20 % : Bouygues, Engie, L’Oréal, LVMH, Peugeot, Publicis, Renault, Saint-Gobain, Valeo, Veolia et Vivendi. Peugeot a notamment augmenté les siens de 413 millions d’euros (+22 %) et Veolia de 213 millions (+42,5 %). Sans surprise, en pleine réorganisation, Carrefour a réduit fortement les siens, de 425 millions (-42,9 %).

Pour 2018, Sonia Bonnet-Bernard se dit « confiante. Le premier semestre est prometteur avec une croissance de 3,2 % du chiffre d’affaires (à périmètre du CAC constant) et de bons résultats. On devrait tendre vers les 100 milliards de profits cette année pour le CAC 40 ».

Les investisseurs ont globalement salué les résultats trimestriels des valeurs du CAC 40 puisque 23 actions ont progressé le jour de l’annonce des résultats (ou le lendemain si c’était une publication après clôture). Carrefour (+12,01 %) et Peugeot (+14,88 %) ont notamment flambé en Bourse. Airbus (+4,50 %), Bouygues (+4,39 %), Safran (+6,37 %), Sodexo (+8,69 %) et Technip FMC (+4,32 %) ont aussi affiché une belle performance. En revanche, les investisseurs ont sanctionné l’annonce des résultats de Kering (-7,72 %), de Publicis (-8,78 %) et de STMicroelectronics (-8,60 %). Unibail et Valeo ont aussi perdu plus de 4 % le jour J.


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