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Assurance chômage : patronat et syndicats sous le choc des exigences gouvernementales

Le gouvernement a abattu ses cartes . Les partenaires sociaux ont pris connaissance vendredi de ses exigences sur l’assurance-chômage lors d’une réunion au ministère du Travail. « Même si on savait qu’il demanderait des économies conséquentes, on est tous sorti un peu sonné », commente un syndicaliste.

Certes, les mots qui fâchent de dégressivité (des allocations-chômage) et bonus-malus (contre les contrats courts) n’ont pas été prononcés. Certes, l’ouverture de discussions avec l’Etat sur l’articulation entre assurance et solidarité nationale se veut un geste d’ouverture.

Note salée pour les partenaires sociaux

Mais avec 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies sur trois ans, la note présentée est salée. Syndicats et patronats sont censés avoir toute latitude pour les réaliser. Mais il y aura tout de même quatre dispositifs auxquels ils devront impérativement toucher.

Les trois premiers sont le cumul entre activité et indemnisation lié à la « permittence » en lien avec les droits rechargeables ; l’activité conservée qui permet aux salariés ayant plusieurs employeurs d’être indemnisés lorsqu’ils en perdent un ; les règles de calcul du salaire servant de base à l’allocation-chômage.

S’y ajoute la demande de mesures permettant de relever le taux de retour à l’emploi des cadres, jugés trop nombreux à attendre d’approcher de la fin de leurs droits pour retrouver un poste. C’est le sujet auquel était censé s’attaquer l’application d’une dégressivité dans le temps aux chômeurs percevant une allocation élevée qui a ulcéré la CGC. La dégressivité « est une des manières de régler le problème », note-t-on toujours dans l’entourage de Muriel Pénicaud, mais sans fermer la porte à d’autres solutions.

Un dossier très complexe

« L’état d’esprit, c’est des économies, des économies […] sur le dos des chômeurs », a dénoncé Michel Beaugas de Force ouvrière à la sortie du ministère du Travail, tout comme ses homologues de la CGT, de la CGC et de la CFDT . Jean-Michel Pottier de la CPME a critiqué pour sa part une « réforme à l’envers » centrée sur « l’objectif budgétaire » tandis qu’Hubert Mongon du Medef pointait de façon plus neutre « les enjeux liés à la trajectoire financière ». Mais tous sont restés très prudents sur l’éventualité de l’ouverture d’une négociation.

Pour être fixé sur ce point, il va falloir attendre « plusieurs semaines », a affirmé Hubert Mongon. Outre l’ampleur des efforts demandés, de nombreux facteurs complexifient le dossier : un passif entre les partenaires sociaux et le gouvernement sur le respect des accords paritaires précédents, une sensibilité en interne à chaque organisation sur le sujet, mais aussi l’arrivée au début de l’été de deux nouveaux numéros un, Geoffroy Roux de Bézieux côté Medef et Pascal Pavageau côté Force ouvrière.

Lettre de cadrage

Méfiants, les partenaires sociaux sont en attente du contenu de la lettre de cadrage qui va reprendre par écrit les éléments donnés oralement par le cabinet de Muriel Pénicaud vendredi, promise pour « mardi ou mercredi ». Le rendez-vous suivant sera la réunion, mercredi et jeudi, du Comité confédéral de FO (son parlement) auquel Pascal Pavageau a demandé de se prononcer sur l’opportunité d’aller négocier alors que d’ordinaire, c’est une décision qui se prend dans le cénacle bien plus réduit du bureau confédéral, l’équipe rapprochée autour du secrétaire général.

Cela devrait renvoyer à la réunion que les syndicats devraient décider de tenir à cinq la semaine suivante, donc juste après celle avec les organisations patronales, au sein du groupe paritaire politique de l’Unedic, de source syndicale. Sachant que le gouvernement a donné aux partenaires sociaux jusqu’à la fin janvier.


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