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La région Ile-de-France à la rescousse des artisans

Un oeil sur les grands Salons professionnels de l’automne (Maison&Objet, Carrousel des métiers d’Art…), un autre sur les débats parlementaires – décisifs – de la loi Pacte. La rentrée s’avère chargée pour les 288.000  artisans franciliens. Les élus du Conseil régional d’Ile-de-France viennent d’y ajouter leur grain de sel en votant en fin de semaine dernière « une nouvelle stratégie en faveur d e l’artisanat et du commerce pour la période 2018-2021 ». Soit un ensemble de mesures destinées à soutenir les 206.600 entreprises franciliennes qui commencent à peine à sortir la tête de l’eau après des années difficiles.

Selon le dernier observatoire de la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat d’Ile-de-France (CRMA) publié en juin, 32 % ont vu leur chiffre d’affaires augmenter en 2017, contre 24 % en 2015. « C’est un secteur dynamique et en pleine renaissance, mais dont les entreprises peinent parfois à recruter et à trouver des repreneurs », souligne Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France. Toujours selon la CRMA, 41 % des entreprises disent avoir éprouvé des difficultés à recruter en 2017.

Adaptation de dispositif

Les 12 mesures votées par les élus locaux jeudi 20 septembre forment un ensemble disparate allant du soutien à l’emploi et à l’apprentissage en passant par l’immobilier, le recyclage ou le numérique. Si quelques-unes innovent, beaucoup sont une adaptation de dispositifs existants, qui ne nécessitent pas forcément de budget supplémentaire. « L’artisanat était involontairement resté hors du spectre de nos plans PME-TPE. Les dispositifs étaient peu ou mal utilisés », reconnaît Frédéric Valletoux, élu régional et délégué spécial à l’artisanat. Ainsi le dispositif TP’up (une aide à l’investissement pouvant aller jusqu’à 55.000 euros…) sera assoupli : il était conditionné à l’emploi de salariés, ce qui excluait de facto 65 % des entreprises artisanales (beaucoup n’ont qu’un salarié, notamment dans l’artisanat d’art). Dans la même veine, 10 % des prêts croissance TPE leur seront réservés et 500 projets de créateurs ou repreneurs d’entreprise seront accompagnés.

La transmission est, de longue date, le talon d’Achille de l’artisanat. A peine 22 % des entreprises sont issues d’une reprise (30 % au niveau national), une moyenne qui tombe à 7 % dans le bâtiment. Conséquence : des savoir-faire se perdent dans le domaine de l’artisanat d’art, faute de candidats. La plupart des repreneurs sont expérimentés et les jeunes se font rares : le ticket d’entrée moyen est à 209.000 euros. « Les artisans n’ont pas toujours conscience qu’une transmission se prépare trois à quatre ans à l’avance. Pour un jeune, cela peut être difficile d’arriver dans un environnement déjà existant. Sans compter que les banques ne leur font pas forcément confiance », souligne Laurent Munerot, le président de la CRMA, qui plaide pour « davantage d’accompagnement ». Dans deux CFA, 1.000 apprentis de moins de 30 ans recevront une formation à la création ou reprise d’entreprise. L’expérimentation a déjà commencé à Rueil-Malmaison.

Manque d’apprentis

Mais cela ne suffira sans doute pas à redorer le blason de la filière. Malgré un boom des reconversions – des trentenaires forts d’une première carrière de col blanc -, l’apprentissage reste moins répandu en Ile-de-France qu’ailleurs (22 % contre 30 % en France). « On manque d’apprentis dans la coiffure, les métiers de bouche, le bâtiment et… on manque aussi d’entreprises pour nos apprentis », souligne Laurent Munerot, qui veut croire que les nouvelles compétences de la région en matière d’orientation donneront plus de visibilité à l’artisanat. Reste que la région, si elle a repris la main sur l’orientation, l’a désormais perdu sur l’apprentissage…

Satisfaite du plan, la CRMA ne relâche pas la pression pour autant. Elle est d’autant plus à l’affût qu’elle est en train de perdre du terrain, l’Etat ayant décidé, dans le cadre de la loi Pacte, de rogner ses prérogatives en matière de formation des futurs artisans.


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