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Prime d’activité : les revalorisations seront ciblées sur les salariés au SMIC

Comme  promis par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, la prime d’activité va bien augmenter de 50 % au niveau du SMIC sur le quinquennat. Cette allocation créée en 2016 (issue de la fusion de la prime pour l’emploi et du RSA activité), qui procure un complément de revenu aux travailleurs pauvres et modestes, va donc augmenter de 80 euros par mois pour un smicard vivant seul d’ici à 2022. L’objectif est d’inciter les bénéficiaires à prendre ou à garder un emploi, même peu rémunérateur, en compensant par cette prime la perte de nombreuses aides et allocations.

Coup de pouce de 20 euros par mois

La première étape aura lieu début novembre, avec la revalorisation du montant forfaitaire de la prime d’activité. Ce coup de pouce de 20 euros par mois profitera aux 3,2 millions de ménages allocataires dans l’année. Il viendra  améliorer leurs revenus mensuels , au moment où leur salaire net va profiter de la deuxième vague de suppression des cotisations salariales, programmée il y a un an.  La disparition de la cotisation chômage dès octobre , pour un smicard, représentera un gain de 14 euros par mois.

Les étapes suivantes sont inscrites dans  le projet de loi de Finances pour 2019 , présenté lundi. Les salariés rémunérés au SMIC (1.200 euros net) vont à terme gagner 60 euros supplémentaires par mois, et ces augmentations par paliers de 20 euros surviendront en octobre 2019, puis en octobre 2020, et enfin, en octobre 2021. « Couplées à la suppression des cotisations chômage et maladie, elles permettront de mettre en oeuvre l’engagement présidentiel d’offrir un treizième mois de salaire à ces travailleurs », expose le projet de budget.

Un « bonus » individuel

Mais contrairement à la hausse généralisée de 2018, les futures augmentations se concentreront sur les personnes au SMIC. En effet, le gouvernement a prévu de créer un « bonus » individuel et de l’intégrer dans le calcul du montant de la prime d’activité. Il atteindra son maximum (20 euros en octobre 2019) pour les travailleurs qui gagnent le SMIC. Au-delà et en deçà de ce niveau de revenu, il décroîtra rapidement. Il disparaîtra totalement à un demi-SMIC, afin de ne pas encourager les temps très partiels.

Selon nos informations, en douze mois, 1,9 million de foyers seulement y auront droit. Ce nouveau bonus est encore plus concentré que celui qui existe depuis le départ dans la prime, et qui atteint son niveau maximal de 67 euros à partir de 0,8 SMIC, sans décroître par la suite. Il prendra d’autant plus d’importance qu’en 2019 et en 2020, le forfait et le bonus initial n’augmenteront pas. Il coûtera 20 millions d’euros en 2019, et 200 millions en 2020.

Instrument clef de l’incitation au retour à l’emploi

L’exécutif avait annoncé l’an dernier que les futures augmentations seraient ciblées, sans préciser dans quelle mesure. Entre-temps, la croissance continue du coût de cette prestation, de 4,5 milliards en 2016 à 5,3 milliards en 2017 à périmètre constant, a provoqué  un coup de chaud à Bercy .

Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, avait expliqué en mai qu’il fallait « la réformer » en arguant qu’elle pouvait dissuader les entreprises d’augmenter les salaires.  Des idées ont alors fusé  : abaisser le plafond de revenus pour toucher la prime, qui est de 1,4 SMIC ; rendre temporaire une partie de son montant…

Mais Bercy a rapidement été rappelé à l’ordre par l’Elysée : il ne faut pas abîmer cet instrument clef de l’incitation au retour à l’emploi. Le recentrage de la prime d’activité, budgétée à 6 milliards d’euros en 2019, dont 700 millions de revalorisations, se poursuit donc de façon subtile. Il est déjà sur les rails depuis un an : à partir d’octobre 2018, la révision de la « pente » du cumul de la prime avec les revenus d’activité devrait en effet permettre d’économiser 290 millions en rythme annuel. La hausse forfaitaire, elle, coûtera 900 millions d’euros.


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