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Assurance chômage : les pistes d’économies sur la table

La France va-t-elle rejoindre la moitié des pays de l’OCDE qui appliquent une formule d’allocation chômage dégressive comme c’est le cas en Belgique, en Italie ou aux Pays-Bas ? C’est ce qu’a laissé entendre Edouard Philippe jeudi soir sur France 2. Deux cas sont envisageables, a-t-il indiqué : les personnes ayant des « salaires très élevés » ou une « très forte employabilité ». Deux cas séduisants sur le papier mais qui tiennent avant tout de l’affichage politique.

Prudent, Edouard Philippe a renvoyé le sujet à la négociation sur les règles d’indemnisation de l’Unédic que les partenaires sociaux  s’apprêtent à ouvrir . A ceci près que les syndicats, unanimes, ont prévenu : la dégressivité c’est non !

« Effets indésirables »

Le gouvernement peut toujours passer outre leur accord – si accord il y a. En l’espèce, cela marquerait un retour aux années… 1990 quand la France a pratiqué la dégressivité. Pour l’arrêter en 2002, les effets sur le retour à l’emploi s’avérant contre-productifs, comme l’indique un document de l’Unédic auquel « Les Echos » ont eu accès.

La dégressivité ? « Une recette de grand-mère populaire aux bénéfices douteux et aux effets indésirables », confirme  Bruno Coquet, chercheur affilié à l’OFCE qui conseille plutôt de faire varier la durée des droits en fonction de la conjoncture. Diminuer les allocations par paliers jusqu’à la fin des droits accélère la reprise d’un emploi. Mais le plus souvent l’allocataire reprend un emploi moins qualifié, ce qui joue contre les chômeurs qui auraient pu y prétendre. En d’autres termes : dégressivité égale moins de bien être et plus de chômage… Tout l’inverse de l’objectif poursuivi !

Le seul avantage tient aux économies potentielles. En théorie, diminuer les allocations à compter du 13e mois s’appliquerait aux 9 milliards versés à partir du 12e. Si on applique une baisse de 10 %, ce serait 900 millions de dépenses en moins.

Un milliard d’économie

Sauf qu’en évoquant les seuls très hauts salaires ou les plus employables, Edouard Philippe a fermé les écoutilles : en 2017, les chômeurs dont le salaire journalier de référence dépassait 2,5 fois le plafond de la Sécurité sociale ont touché 775 millions d’euros. Soit moins de 2 % des 40 milliards d’allocations versées cette année-là, tous chômeurs confondus !

Pour  baisser de 1 et 1,3 milliard par an les dépenses de l’Unédic comme le souhaite l’exécutif, il va falloir actionner d’autres leviers, tous synonymes de baisse de droits. Le seuil minimum d’activité pour recharger ses droits – 150 heures – pourrait être augmenté. Tout comme la période considérée pour le calcul du salaire journalier de référence (duquel est déduit le montant versé). Le nombre de mois travaillés minimum ouvrant droit à indemnisation pourrait revenir à six mois, contre quatre aujourd’hui, voire plus. Autre piste évoquée, passer d’un jour travaillé égale 0,9 jour indemnisé et non plus un. A la clé, un milliard d’économie selon l’Unédic, mais pas tout de suite.


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