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Brexit : les banques françaises se préparent au scénario du pire

Et si le plan B des banques  en cas de Brexit devenait leur plan A… Alors que la tension politique monte d’un cran et que l’hypothèse d’un « hard Brexit » se renforce, le gouvernement français lui-même a pris acte d’une possible sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord. « Le ministre de l’Europe et des affaires étrangères et la ministre chargée des affaires européennes ont présenté un projet de loi habilitant le gouvernement à prendre par ordonnance les mesures de préparation au retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne », indique le compte rendu du Conseil des ministres de mercredi.

Pour l’instant, aucune mesure concrète n’est annoncée, mais pour les banques françaises qui emploient près de 12.000 personnes au  Royaume-Uni et y génèrent près de 6 % de leurs revenus, c’est une bonne nouvelle. « Sollicitées par leurs superviseurs pour fournir des plans de continuité d’activité – y compris en cas de hard Brexit – les banques françaises se sont préparées depuis de longs mois à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Mais quelques incertitudes subsistent et  nécessiteront, en cas de hard Brexit, de mettre en oeuvre des mesures ciblées pour assurer la continuité de certaines activités », concède Marie-Anne Barbat-Layani, la directrice de la Fédération bancaire française.

Conséquences multiples

Sur le plan opérationnel, les banques ont été rassurées par les  propos du gendarme bancaire britannique . « Le régulateur a annoncé son intention de mettre en place un régime transitoire s’il n’y a pas d’accord. Ce cadre devrait permettre d’assurer la continuité des autorisations d’exercer des banques de la zone euro au Royaume-Uni après le 30 mars 2019 », confirme l’agence Moody’s dans une note. En attendant de voir cette intention effectivement confirmée par le Parlement britannique, la grande majorité des banques qui exercent à Londres via une succursale – grâce au mécanisme de passeport européen – ont toutefois déposé une demande d’agrément pour exercer sous le régime de succursale de pays tiers. Crédit Agricole, par exemple, indique avoir soumis sa demande en juillet dernier.

Pour les banques européennes, les conséquences d’un hard Brexit peuvent être multiples. Pour certaines, cela pourrait se matérialiser par une hausse de leurs besoins en capitaux propres : « Si après le Brexit, les chambres de compensation britanniques ne sont pas reconnues par le règlement EMIR, les banques européennes qui en sont membres pourraient se voir infliger des exigences en fonds propres plus importantes », indique l’agence Moody’s, qui estime toutefois que ce risque n’est pas de nature à déstabiliser les banques européennes.

Vidéo – Comment HSBC se prépare au Brexit ?

Quid des contrats de dérivés ?

Pour les banquiers, la grande incertitude qui subsiste concerne  l’avenir de leurs contrats de dérivés en cas de hard Brexit . « La possibilité pour les banques de l’Union européenne de traiter des dérivés et de les compenser depuis Londres dépendra de la capacité de l’Union européenne à reconnaître ces marchés. Sans accord, ils n’auront plus de statut dans le cadre du droit européen », avertit Nick Hill, directeur chez Moody’s.

Le sujet est sensible pour toutes les grandes banques d’investissement. Les plus exposées dans ce domaine en France sont BNP Paribas et Société Générale. « Pour l’instant, les autorités européennes ne se sont pas exprimées sur la question, mais nous estimons qu’un tel enjeu de stabilité financière ne pourra pas être laissé sans réponse », tempère Nick Hill.

En cas de « hard Brexit », Crédit Agricole CIB pourrait transférer entre 2 et 6 % de ses 760 salariés basés à Londres vers son siège de Montrouge.


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