EconomieÉconomie France

Egalité femmes-hommes : la France peut mieux faire sur les salaires

Alors que le Parlement vient de voter l’obligation pour ses entreprises de supprimer les écarts de salaire entre hommes et femmes dans les trois ans, le millésime 2018 du palmarès de l’organisation à but non lucratif Equileap, que « Les Echos » publient en exclusivité pour la France, vient montrer le chemin qui reste à parcourir.

L’ONG a de nouveau passé au crible quelque 3.000 entreprises cotées de vingt-trois pays affichant plus de 2 milliards de dollars de capitalisation boursière. Elle constate une amélioration globale des performances des entreprises étudiées. « Le mouvement #MeToo a eu un impact, mais aussi la prise de conscience qui s’étend du fait que les entreprises soucieuses d’égalité femmes-hommes ont de meilleurs résultats financiers que les autres », souligne Diana van Maasdijk, directrice générale et cofondatrice d’Equileap.

Huitième position

La note attribuée repose sur dix-neuf critères, qui vont du pourcentage de femmes aux postes de direction à l’ampleur des inégalités salariales en passant par les pratiques de sous-traitance. Globalement, l’Hexagone n’est pas en mauvaise position, avec 26 entreprises dans les 200 premières du classement. Elle se situe, comme l’an dernier , en huitième position parmi les 23 pays développés étudiés.

Avec un carton rouge sans surprise pour les secteurs des matières premières et de l’industrie et un carton vert pour l’énergie, les biens de consommation et le secteur financier, qui est aussi celui où il y a sans doute le plus de contentieux individuels d’inégalités de traitement.

L’Oréal et Kering

La France peut s’enorgueillir d’avoir deux sociétés dans le trio de tête : L’Oréal, qui partage cette année la première place avec General Motors, et Kering. Cinq entreprises tricolores au total figurent dans le Top 20 avec Société Générale, TF1 et Schneider Electric, dont la DRH a été chargée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, d’une mission sur l’égalité salariale.

Mais sur ce sujet, précisément, le classement d’Equileap sonne comme un avertissement en plein débat sur les critères qui s’appliqueront pour déterminer si un employeur a atteint ou non l’objectif de suppression des inégalités de rémunération à la fin de 2021. La ministre du Travail a confirmé que l’idée d’un seul indicateur était abandonnée au profit d’ une batterie de cinq critères . Y figurerait  une mesure de l’écart salarial , mais la pondération choisie pourrait permettre aux entreprises de limiter leur effort en la matière pour peu qu’elles agissent sur d’autres sujets, comme attribuer des augmentations en retour de congé maternité ou de féminiser un peu plus les promotions.

Or le palmarès d’Equileap montre que les entreprises françaises sont à la traîne en matière salariale, rendant le sujet d’autant plus incontournable.

Belle marge de progression

Si L’Oréal, Société Générale et la Foncière des régions sont les mieux placées des sociétés tricolores sur les rémunérations selon le genre, la France a une belle marge de progression devant elle. A 4,1 % de l’objectif atteint, elle est certes devant les Etats-Unis et l’Allemagne, mais loin derrière l’Angleterre qui est à 19 %, et très en deçà de la moyenne, qui est de 7,7 %. C’est d’autant plus notable que la barre n’est pas infranchissable. Le palmarès Equileap identifie 25 sociétés qui seraient parvenues à l’égalité salariale, dont aucune n’est française.

A contrario, à défaut d’être exemplaire sur les cadres dirigeants, la France est en pointe sur la place des femmes dans les conseils d’administration. « Son score atteint 92 % de l’objectif, c’est un des meilleurs des 23 pays », note Diana van Maasdijk.


Continuer à lire sur le site d’origine