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Santé : la Cour des comptes attend plus de prévention

Trop de risques cardio-neurovasculaires non gérés

Crises cardiaques ou accidents vasculaires cérébraux (AVC), les maladies cardio-neurovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes et la deuxième chez les hommes après les cancers. Leur prise en charge coûte 16,1 milliards par an, pour 4,5 millions de patients diagnostiqués.

La Cour des comptes pointe du doigt les défaillances de la prévention. Si la lutte anti-tabac a pris un virage décisif en 2017, avec la décision de porter le paquet de cigarettes à 10 euros, elle demande d’« agir avec la même détermination sur l’alcool et l’alimentation », et de « relever les droits d’accises sur l’ensemble des boissons alcoolisées et la contribution sur les boissons contenant des sucres ajoutés ». Elle regrette que le Nutriscore qui note les valeurs nutritionnelles des aliments soit facultatif. Et elle demande des incitations plus fortes pour les médecins de ville, acteurs de la prévention.

Par ailleurs, elle veut que les seuils d’activité soient relevés et généralisés pour les établissements prenant en charge des chirurgies cardio-neurovasculaires.

Compenser la pénurie d’ophtalmologistes

Dans la filière soins visuels, le goulet d’étranglement est l’ophtalmologie, rappelle la Cour des comptes. Les ophtalmologues sont mal répartis sur le territoire, et les délais s’allongent, alors que six Français sur dix portent des lunettes ou des lentilles. Les difficultés d’accès vont s’accentuer jusqu’en 2030.

La Cour note également que le coût des soins de ville d’ophtalmologie et d’orthoptie (1,7 milliard d’euros) augmente de 3,4 % par an en moyenne, du fait de l’augmentation du nombre d’actes et surtout des dépassements d’honoraires. Il est urgent d’aller vers une plus grande délégation de tâches, conclut-elle : « Les orthoptistes devraient pouvoir diagnostiquer et traiter les troubles de la vision, et les opticiens lunetiers ceux de la réfraction », à condition d’approfondir leur formation et de renvoyer les situations pathologiques vers un ophtalmologue. Ces derniers, s’ils souhaitent s’installer dans une zone où les dépassements d’honoraires sont importants, devraient s’engager à un contrat de maîtrise tarifaire.

Un malus renforcé pour les accidents du travail

Avec 3,3 accidents du travail pour 100 salariés en 2016, la France est moins performante que l’Allemagne, qui affiche un ratio de 2 %. De plus, les fréquences de ces accidents ne reculent plus vraiment depuis quelques années. « Devant la permanence des sinistres professionnels, il convient de faire jouer un rôle plus actif à la tarification pour les prévenir », estime la Cour des comptes. Et assumer le fait que certains secteurs d’activité, ou PME, pourraient à l’avenir verser nettement plus de cotisations.

Les cotisations accidents du travail-maladies professionnelles sont déjà modulées en fonction de la sinistralité constatée. Mais ce malus n’est pas assez dissuasif, jugent les magistrats. Ils recommandent d’éliminer les dérogations, et notamment celle qui veut que les entreprises de moins de 10 salariés ne paient qu’un tarif collectif au lieu de subir un taux individualisé. Par ailleurs, la Cour appelle à majorer le taux de cotisation pour l’ensemble des entreprises, et à surpondérer le coût moyen des accidents les plus fréquents.


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