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La choucroute d’Alsace mise sur son IGP européenne pour se réinventer

Ils auront attendu vingt ans. Les producteurs de choux à choucroute et les professionnels transformant le légume alsacien viennent enfin d’obtenir  l’IGP européenne attendue depuis des années. C’est bien le légume cru ou cuit, et le savoir-faire alsacien employé pour sa préparation qui est ainsi protégé et pour laquelle la filière espère une renaissance. Jusqu’ici, d’autres pays pouvaient être tentés de faire référence à l’Alsace sur leurs produits. Désormais, « on ne pourra produire la choucroute d’Alsace qu’en Alsace et la commercialiser partout », se réjouit Sébastien Muller, président de l’Association pour la valorisation de la choucroute d’Alsace (AVCA) et PDG de la choucrouterie Le Pic.

Strict cahier des charges

Reste à répondre à un cahier des charges strict comprenant une sélection des terrains et des variétés, des contraintes de longueur ou de blancheur des filaments et le respect d’une liste d’ingrédients, dans des proportions définies.

Réunis au sein de l’Avca, 48 producteurs et 11 choucroutiers vont s’y soumettre pour une commercialisation sous cette appellation, à partir de janvier 2019. Ils représentent 95 % des 30.000 tonnes produites annuellement en Alsace pour un chiffre d’affaires estimé de 25 millions d’euros. « Tout ce qui sera fait sur une parcelle va être noté, analysé, contrôlé », détaille Laurent Heitz, producteur et représentant de la profession. Mais dans un contexte de réduction progressive des surfaces, passées de 600 à 500 hectares en dix ans, les professionnels espèrent inverser la tendance et « faire vivre un maximum de producteurs sur ce produit ».

Légume pauvre en calories

Moyennant des efforts de communication et de packaging, les professionnels espèrent conquérir de nouveaux marchés, notamment à l’export, et repositionner leur produit. « Pauvre en calories, riche en minéraux, partenaire de la flore intestinale », etc. . Ils souhaitent miser sur les vertus de ce légume associé dans les esprits au plat du même nom particulièrement riche. « Il faut faire connaître la choucroute comme un légume ‘healthy’, puisque c’est la mode », résume Thibert Rieffel, de la choucrouterie du même nom.

Chez Le Pic, où 4.000 à 5.000 tonnes sont produites annuellement, l’IGP est l’occasion d’une diversification des deux marques, Le Pic et Frank. Seule la première sera valorisée. Pour l’heure, l’export ne dépasse pas les 5 à 10 % des 4.000 à 5.000 tonnes de production annuelle, mais la PME espère faire mieux. Au sein de l’Europe et en dehors. « Nous avons la volonté de nous développer aux Etats-Unis, où l’IGP représente un référentiel », expose le PDG Sébastien Muller.

Gage de qualité, l’IGP conduira naturellement à une revalorisation des prix de cette « choucroute premium ». Hausse que l’Avca se refuse pour l’heure à évaluer.


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