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Le français Malteurop à la conquête du marché asiatique

Geelong, entre Bells Beach, le paradis des surfers, où la Rip Curl a été créée, et Melbourne, la capitale culturelle. C’est le plus grand port en eau profonde de l’Australie. Un point de départ stratégique vers l’Asie du Sud-Est.

C’est là que le français Malteurop, le grand rival de Soufflet, a choisi d’investir pour doper ses capacités de production dans la région. « Nous ne pouvions plus satisfaire la demande de nos clients brasseurs, compte tenu de la croissance du marché dans le Sud-Est asiatique », explique Alain Le Floch, directeur général de Vivescia, le groupe coopératif, dont Malteurop est filiale.

De fait, la région est devenue une zone prioritaire pour les grands acteurs de la bière, comme AB InBev. « La consommation y augmente régulièrement de 2 à 3 %. Et cela va continuer pendant plusieurs années. L’évolution va de pair avec la hausse du PIB et l’urbanisation de ces pays », explique Alain Parent, directeur général de Malteurop. Les pays les plus dynamiques sont le Vietnam, les Philippines, le Laos, le Cambodge, la Corée ou la Thaïlande.

De 10 à 15 % de part de marché en 2022

Pour répondre aux attentes des brasseurs, le malteur français a donc dépensé 65 millions d’euros dans l’extension de ses installations sur le port de Geelong. Le chantier a duré deux ans afin de passer d’une capacité de 80.000 tonnes à 200.000 tonnes par an. « On peut encore s’agrandir de 120.000 tonnes », précise Alain Le Floch. Un investissement financé sur les fonds propres de Vivescia Industrie, qui regroupe une activité de boulangerie industrielle et Malteurop.

Vivescia Industrie entend porter son ratio Ebitda sur chiffre d’affaires de 7,4 à 10 % d’ici à 2025, grâce à l’internationalisation des activités. L’objectif est de générer 50 % des revenus à l’étranger à cette échéance, contre 31 % aujourd’hui. Tout en passant d’un chiffre d’affaires de 2,3 à 4 milliards d’euros. « D’ici à cinq ans, Malteurop aura porté sa part de marché de 10 à 15 % du malt mondial », affirme Olivier Parent.

Pourquoi l’Australie est-elle une tête de pont idéale pour servir vers l’Asie ? En raison de sa situation géographique et de ses liens historiques avec la Chine. Dès 1850 au moment de la ruée vers l’or, de nombreux Chinois ont émigré en Australie. Ils comptent pour 5,6 % de la population de cet immense territoire grand comme 14 fois la France.

Le pays est aussi un des trois grands bassins de production d’orge, « l’âme de la bière » avec l’Europe et l’Amérique du Nord. Tous les pays n’ont pas la terre, le climat ou le savoir-faire requis. « C’est un métier très particulier, où l’on porte une attention extrême au grain afin de lui conserver les qualités qui permettront d’en faire du malt », dit Trevor Perryman, directeur général de Malteurop Nouvelle Zélande, Australie.

En Chine depuis vingt ans

La Chine ne fait pas partie de ce plan de développement, bien que Malteurop y soit implanté depuis vingt ans avec une malterie de 100.000 tonnes créée pour suivre le brasseur philippin San Miguel. « C’est un marché compliqué, où nous avons choisi d’opérer sur des segments très précis », explique Alain Le Floch. « Nous y faisons du malt de blé, du bio, du tourbé, des malts spéciaux, des malts torréfiés… ». Des niches à forte valeur ajoutée qui évitent de se mesurer à des géants locaux, comme Cofco ou Super Time. Mais qui lui permettent de livrer Tsing Tao et Snow.

Dans le monde, 85 % du malt est fait à partir d’orge, le blé et le maïs fournissant les 15 % restants.


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