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Air France prépare sa prochaine génération de pilotes

Aux prises  avec ses pilotes dans de difficiles négociations salariales, la direction d’Air France ne néglige pas pour autant l’avenir. Dix ans après avoir fermé sa filière de pilotes cadets, la compagnie a signé, lundi à Toulouse, un partenariat avec l’Ecole nationale de l’aviation civile (Enac) pour former 70 pilotes cadets par an pendant trois ans. La formation initiale de 25 élèves par an ne couvrant pas ses besoins, la compagnie aérienne relance donc la formation de « cadets » qu’elle finance entièrement.

Après avoir réduit ses effectifs de pilotes de 4.100 à 3.700 entre 2008 et 2017, Air France prévoit d’en embaucher « 300 par an pendant trois ans ». Une moitié compensera la vague attendue de départs à la retraite, et l’autre moitié permettra de faire face à la croissance du trafic, estimée en moyenne à 4 % par an. Ce changement de génération coïncide aussi avec l’arrivée de nouveaux avions dans la flotte. Après les B787 depuis deux ans, les A350 seront mis en service à partir de 2019, dont les 10 premiers pour la filiale à bas coût Joon.

Sélection drastique

« Le recrutement pour répondre à ce besoin de pilotes passera, pour moitié, par des embauches de professionnels dans les compagnies étrangères, notamment à bas coût, et de militaires », explique Jérôme Breuzet, directeur de la formation opérationnelle d’Air France. « L’autre moitié, soit 150 pilotes par an, sera pourvue par la filière de formation longue », ajoute-t-il. Pour ce faire, la compagnie a choisi trois écoles : l’Enac, qui assurera la plus grosse part, et les écoles privées Epag à Lille et L3 au Royaume-Uni. La formation de 80 semaines comprendra des séances de pilotage à vue pendant 16 semaines chez FlightSafety International aux Etats-Unis.

La sélection des « cadets » est drastique. Parmi les 3.850 candidats qui ont effectué des tests en ligne au début de l’année, Air France en a présélectionnés 802. L’Enac leur a fait passer des tests psychotechniques et en a retenu 350. Après les entretiens, la compagnie n’en a gardé que 107, dont seulement 8 jeunes femmes, car « on manque de candidates ». Même s’ils sont un peu plus âgés, les « cadets » ont un profil pas très différent de celui des élèves de la formation initiale : plus de 80 % ont fait des classes préparatoires scientifiques et des écoles d’ingénieur. « C’est une opportunité pour un profil d’ingénieur de devenir pilote », souligne Jérôme Breuzet.

Manque de candidates

Les « cadets » seront embauchés par Air France avec « le même contrat de pilote, quelle que soit la filiale », précise le dirigeant. A l’exception de Hop! qui a son propre recrutement. Un tiers des nouvelles recrues sera détaché chez Transavia pour piloter des B737 et les autres iront chez Air France sur des A320. Avec ce contrat, l’Enac va passer de 135 à 150 jeunes pilotes formés par an (pour Air France, Royal Air Maroc, China Southern et China Eastern notamment). « C’est une reconnaissance importante de voir revenir notre partenaire historique », se félicite Olivier Chansou, directeur de l’école.


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