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Le plus grand aéroport du monde ouvre ses portes à Istanbul

C’était un pari fou et il est en passe d’être gagné. Après seulement trois ans et demi de travaux, le président turc  Recep Tayyip Erdogan inaugurera ce lundi 29 octobre, la première partie du nouvel aéroport d’Istanbul, en passe de devenir le plus grand aéroport du monde. Construit à partir de rien sur les rives de la mer Noire, à 35 km du centre-ville, par le consortium turc IGA, c’est le projet de tous les superlatifs. D’une superficie totale deux fois supérieure à celle de Roissy-CDG, il remplacera l’actuel aéroport Atatürk et pourra accueillir 90 millions de passagers dans sa phase 1, d’ici à 2022, et jusqu’à 200 millions à l’issue de la phase 2, d’ici à dix ans, avec pas moins de six pistes dans sa version finale.

Plus gros qu’Atlanta, Roissy et Dubaï

De quoi surpasser Atlanta, l’actuel numéro un mondial avec 104 millions de passagers en 2017, mais aussi tous les grands hubs européens – Londres-Heathrow, Roissy-CDG, Amsterdam-Schiphol et Francfort -, ainsi que son modèle, l’aéroport de Dubaï. Et ainsi faire d’Istanbul la principale plaque tournante du trafic aérien entre l’Asie, l’Occident et l’Afrique. Du fait de sa position géographique idéale, à 4 heures de toutes les métropoles d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie centrale, le nouvel aéroport d’Istanbul offrira plus de destinations internationales que n’importe quel autre hub.

Un investissement de 10,2 milliards d’euros

« C’est le plus important projet aéroportuaire jamais réalisé de zéro et le seul nouveau hub d’Europe », souligne le directeur de l’aéroport, Kadri Samsunlu. Il emploiera directement et indirectement plus de 225.000 personnes et représentera, au total, un investissement de plus de 10 milliards d’euros d’ici à 2029, intégralement financé par  le consortium privé IGA , qui l’exploitera pendant 25 ans avant d’en restituer la pleine propriété à l’Etat.

Véritable démarrage au 1er janvier

Toutefois, le nouvel aéroport d’Istanbul, dont le nom – potentiellement lourd de sens politiquement – devrait être dévoilé ce lundi, démarrera modestement ce même jour, avec seulement cinq destinations (Ankara, Antalya, Izmir, Bakou et Chrypre-Nord). Car malgré les efforts des 33.000 ouvriers employés sur le site (dont 30 y ont laissé leurs vies), l’aéroport est encore un vaste chantier. Si l’inauguration officielle a été maintenue au 29 octobre, pour coïncider avec le 95e anniversaire de la République de Turquie, le véritable démarrage n’interviendra qu’au 1er janvier 2019, avec le transfert de la totalité du trafic de l’aéroport d’Atatürk, soit plus de 2.000 vols quotidiens et 63,7 millions de passagers l’an dernier.

Vidéo – Le plus grand aéroport du monde ouvre ses portes à Istanbul

Un transfert d’une ampleur sans précédent

Une opération d’une ampleur sans précédent, qui va obliger le principal opérateur,  Turkish Airlines , à transférer dans la nuit du 30 au 31 décembre, plus de 330 appareils et quelque 30.000 salariés. « Le 1er janvier, il ne restera à Atatürk que le cargo et la maintenance, qui seront transférés ultérieurement, explique un représentant de la compagnie. Une opération de cette ampleur posera des difficultés et aura inévitablement un coût. Mais l’aéroport d’Atatürk est totalement saturé, ce qui freine notre croissance. Le nouvel aéroport va nous permettre d’accélérer notre développement, même s’il va également attirer davantage de concurrents. »

Une opération à risques

A condition que tout se passe comme prévu. Plusieurs opérateurs chevronnés se sont cassé les dents sur des transferts moins ambitieux. A Londres, le déménagement au terminal 5 a valu à British Airways des mois de galère. A Dubaï, le nouvel aéroport de Dubaï attend toujours le transfert de l’activité d’Emirates. Sans parler du nouvel aéroport de Berlin, dont l’ouverture, initialement prévue en 2015, a été reportée à 2022, du fait d’une accumulation de problèmes techniques. La patience des passagers sera probablement mise à l’épreuve, notamment pour rejoindre l’aéroport en bus ou en voiture à travers les embouteillages légendaires d’Istanbul, sachant que la nouvelle ligne de métro n’arrivera pas avant 2020.


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