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PSA-Opel, la fusion express des usines

Il a fallu des décennies pour faire oublier les étiquettes entre les sites Peugeot et Citroën. Pour greffer les usines d’Opel à son tissu industriel, PSA entend aller plus vite, beaucoup plus vite. « A un moment donné, on va parler du PSA élargi. On y sera dans quelques petites années », proclamait lors du Mondial de l’auto Carlos Tavares, le patron du groupe.

« Côté usines, les choses avancent à grand pas. La fabrication croisée, ce n’est plus un sujet », explique Maxime Picat, le responsable Europe de PSA. Dans les faits, des Opel sont déjà assemblées chez PSA et vice-versa. Héritage d’un partenariat avec General Motors, l’Opel Grandland X est encore à Sochaux pour quelques mois, tandis que la Citroën C3 Aircross est produite à Saragosse, sur une ligne Opel. Fait nouveau, les moteurs et les boîtes de vitesses PSA qui seront usinés chez Opel à Tichy (Pologne), Aspern (Autriche) et Szentgotthard (Hongrie).

Des nouvelles capacités bienvenues

Les huit usines de PSA et les six usines issues de sa nouvelle propriété allemande doivent donc bientôt faire partie d’un grand tout. « Nous affecterons les programmes selon les disponibilités des sites indépendamment des marques. C’est le schéma qui deviendra la norme », explique Yann Vincent, le patron industriel de la Maison Peugeot, qui a donc désigné des sites CMP (pour les petits véhicules), des sites EMP2 (pour les plus grands engins) et des sites dédiés aux véhicules utilitaires. Celui-ci a ainsi décidé de « coupler » le site de Sevelnord, près de Valenciennes, avec celui de Luton, au Royaume-Uni. « Il y aura des Opel à Sevelnord, et des Peugeot à Luton », dit-il.

Tout cela arrange bien PSA, dont les usines européennes tournent à plein en ce moment , avec des ventes atteignant des niveaux records sur le Vieux Continent. « Opel nous apporte des nouvelles capacités bienvenues, et nous permet d’obtenir davantage de souplesse. Des délestages sont maintenant possibles », relève Yann Vincent, donnant l’exemple de la Peugeot 5008 déplacée de Rennes à Sochaux pour faire de la place au C5 Aircross, ce qui provoque le transfert prochain de l’Opel GrandLandX de Sochaux à Eisenach, en Allemagne.

Pas d’éternelles discussions

« Les SUV de moyenne taille sont répartis sur trois usines, il faudra aussi plusieurs usines pour les petits SUV. Parfois, un même modèle fabriqué sur deux sites, pour pouvoir équilibrer les volumes selon le succès du véhicule en question », ajoute Maxime Picat. Une gymnastique bienvenue, alors que la chute du diesel et la bataille du CO2 obscurcissent la prévisibilité du marché européen, plus que jamais terrain de jeu de PSA. Pour juguler les aléas de marché, le groupe tâche depuis l’arrivée de Carlos Tavares, en 2014, d’abaisser son seuil de rentabilité en compactant ses usines et en les passant au mono flux – logique qui s’appliquera bientôt chez Opel.

Si l’état-major du constructeur parvient à avancer malgré l’opposition régulière du syndicat allemand IG Metall, c’est que la situation d’Opel est particulière. « La chance, c’est que nous avons racheté l’entité à 100 % et qu’en face, General Motors débranche tout : le système informatique, les moteurs, les plateformes. Il n’y a pas le choix, on sait qu’il faut mettre du PSA partout », pointe le dirigeant. « Nous n’avons pas d’éternelles discussions entre ingénieurs sur le thème ‘ma plateforme est la meilleure’. C’est une chance incroyable par rapport à Renault et Nissan », juge Yann Vincent, un transfuge de la marque au losange.


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