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La pénurie de chauffeurs américains affecte les poids lourds de l’alimentation

Les Etats-Unis manquent de camionneurs et  cela affecte directement les géants de l’alimentation.  NestléUnileverPepsico , General Mills… ont tous mentionné une hausse des coûts  liés au transport des marchandises dans leurs résultats au troisième trimestre.

Vendredi, Kraft Heinz a ainsi manqué le consensus lors de  la publication de ses revenus trimestriels au 30 septembre 2018. Si son chiffre d’affaires est ressorti en hausse de 1,6 % à 6,4 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) par rapport à la même période l’an dernier, son revenu opérationnel dégringole. Il chute de 30,4 % à 1,1 milliard de dollars, à cause de « l’inflation des coûts, y compris la logistique ».

A la suite de ces résultats, Kraft Heinz a vu son cours de Bourse dévisser de près de 10 % à 50,73 dollars. Deux jours avant lui, le titre Kellogg’s a connu le même sort, perdant 8,46 %.  Le fabricant de produits céréaliers avait alors lancé un avertissement sur ses résultats annuels, lié notamment à des coûts de distribution plus élevés. Kellogg’s s’attend désormais à une croissance annuelle de son bénéfice ajusté par action d’environ 7 % à 8 %, contre 11 % à 13 % jusqu’à présent.

70 % du fret transporté par des camions

Il faut dire que la situation, loin d’être nouvelle, a de quoi inquiéter les investisseurs. Au printemps 2018, l’American Trucking Association, le syndicat des entreprises de transport routier des Etats-Unis, estimait le manque de chauffeurs à 63.000. Un chiffre qui pourrait s’élever jusqu’à 175.000 d’ici à 2026, alertait le syndicat. Or, « 70 % du fret aux Etats-Unis est transporté par des camions »,  selon la principale association américaine des grossistes-distributeurs (NAW).

Le manque de camionneurs a logiquement fait grimper les prix du transport. Selon la société de conseil Cass Information Systems, qui suit les transactions de fret,  les tarifs d’expédition longue distance de camions ont progressé de 10 % en juillet 2018, par rapport à la même période un an plus tôt. Ils avaient déjà bondi de 29 % en mai.

250 millions de dollars de coûts

Tyson Foods, premier exportateur de boeuf américain, anticipe déjà une augmentation de 250 millions de dollars (219,5 millions d’euros) de ses coûts liés au transport, cette année. « Les prix des produits doivent désormais refléter leur véritable coût, car nous ne pouvons pas supporter la hausse des tarifs de fret »,  estime Tom Hayes, le PDG de Tyson Foods.

D’autant que ces coûts de distribution viennent s’ajouter à d’autres facteurs affectant le revenu opérationnel des industriels de l’agroalimentaire.  Un contexte de plus en plus concurrentiel, à cause notamment du commerce en ligne avec Amazon, pousse les industriels de l’alimentation à multiplier les promotions. Kraft Heinz a ainsi vu ses prix de vente régresser de 0,9 % dans le monde au troisième trimestre, et jusqu’à 2 % aux Etats-Unis.

Prix des matières premières et guerre commerciale

Les géants de l’alimentation voient également leurs résultats affectés par la hausse des prix des matières premières. Ou encore par  la guerre commerciale menée par les Etats-Unis, imposant des tarifs douaniers sur certains produits comme  le ketchup ou le maïs , et les variations des taux de change.

Les entreprises américaines spécialisées dans le transport routier tentent de trouver des solutions pour réduire les frais des industriels. Soit en augmentant les salaires, en payant la formation des futurs chauffeurs ou en raccourcissant les distances. En attendant qu’un jour, peut-être, les camions autonomes prennent le relais. Ce qui ne devrait pas arriver avant 2028.


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