EconomieIndustrie - Services

En France, l’usage de pesticides est reparti à la hausse en 2017

Lors de l’annonce de sa  démission surprise du gouvernement à la fin de l’été, Nicolas Hulot s’était montré alarmiste sur l’utilisation des pesticides en France. « Est-ce que nous avons commencé à réduire [leur] utilisation ? La réponse est non. » Les données contenues dans  le projet de loi de finances (PLF) pour 2019 – dont le volet Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales est examiné depuis vendredi à l’Assemblée nationale – viennent conforter l’ex-ministre de la Transition écologique.

Ainsi l’indicateur clef en la matière – le Nodu, soit le nombre de doses d’unités de pesticides utilisé – est reparti à la hausse en 2017, après une baisse en 2016 : il s’est établi à 94,2 millions l’an dernier, contre 93,9 millions en 2016. Cela reste malgré tout inférieur aux 96 millions de 2015.

Dans des documents budgétaires (loi de règlement) parus au printemps dernier, le gouvernement esquissait déjà des éléments semblant relativiser ce phénomène : ainsi le recours aux produits les plus dangereux (CMR1, au potentiel cancérogène avéré) aurait reculé de 6% l’an dernier, tandis que d’autres produits un peu moins dangereux (CMR2, au potentiel cancérogène supposé) auraient connu un boom de leur consommation (+6%).

L’objectif de baisse pour 2020 paraît lointain

Ce rebond de 2017 complique en tout cas singulièrement la tâche pour le gouvernement, qui s’est assigné comme objectif de réduire de 25 % l’utilisation de produits phytopharmaceutiques dans les champs français à l’horizon 2020 (soit un indicateur Nodu tombé à 66,5 millions d’ici à 2 ans) puis de 50 % en 2025 par rapport au début de l’actuelle décennie.

Officiellement, cette cible reste d’actualité, mais les marches pour l’atteindre sont nettement plus hautes : ainsi l’objectif pour 2018 a été réévalué à la hausse à 83,4 millions (ce que l’exécutif promettait déjà peu ou prou pour l’an dernier) tandis que l’indicateur est censé fondre à 73,4 millions l’an prochain, selon les données du PLF 2019.

Pour accélérer le sevrage des pesticides de l’agriculture française, le gouvernement avait  annoncé cet été un nouveau plan d’urgence. Baptisé « écophyto II + » , il arrive après deux  premiers plans écophyto lancés depuis 2009 sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy, puis de François Hollande, et qui ont échoué. Ainsi le gouvernement avait reconnu cet été que la valeur de l’indicateur Nodu pour les années 2014 à 2016 était supérieure de 12,4 % à celle enregistrée pour les années 2009-2011. Le nouveau plan, censé être appliqué début 2019, devrait se faire à moyens constants, avec une enveloppe de 71 millions d’euros consacrée au financement de projets de recherche sur des techniques alternatives.

Soucieux de répondre à la demande du gouvernement et à la pression des consommateurs après l’échec des deux premiers plans écophyto, la FNSEA a lancé des groupes de travail sur le sujet voilà un an, en y associant une quarantaine d’organisations agricoles (instituts de recherche, interprofessions…). Cet été, ces groupes ont présenté 36 solutions pour réduire l’usage des pesticides, en s’appuyant sur la recherche variétale, la robotique (pour éviter le binage) ou le biocontrôle.

Ils ont établi des fiches sur les coûts et les gains pour les agriculteurs, ainsi que sur les freins à lever. L’idée est de faire état de nouvelles pistes de solutions tous les six mois. Mais il faudra être patient. Voilà un an, la FNSEA avait estimé qu’il faudrait cinq ans pour mettre en oeuvre de vraies alternatives… Les Français accepteront-ils d’attendre aussi longtemps ?

Pour plus d’informations, retrouvez toutes les données dans les documents budgétaires consacrés au sujet.

Projet de loi de finances pour 2019 paru en septembre 2018, pages 89 et 90:

Cliquer pour accéder à PAP2019_BG_Agriculture_alimentation_foret_affaires_rurales.pdf

Projet de loi de règlement pour 2017, paru en mai 2018, pages 123 et 124:

Cliquer pour accéder à RAP2017_BG_Agriculture_alimentation_foret_affaires_rurales.pdf


Continuer à lire sur le site d’origine