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Le vin de Bourgogne dépasse tous ses records à l’export

Les messages vengeurs du président américain sur le commerce du vin entre la France et les Etats-Unis vont-ils peser sur l’ambiance de la vente des vins de Bourgogne ? « Le problème est que la France fait en sorte qu’il soit très difficile pour les Etats-Unis de vendre leurs vins en France en appliquant de gros droits de douane alors que les Etats-Unis rendent l’accès facile aux vins français et appliquent de très petits droits de douane. Pas juste, cela doit changer ! » a tweeté Donald Trump mardi.

Dans le cas du bourgogne, pas de doute, les velléités de Washington de se pencher sur les droits de douane peuvent peser lourd. Les Etats-Unis sont le premier marché mondial, 24 % du chiffre d’affaires global des ventes de bourgogne et 22 % des volumes exportés. En dix ans, les ventes outre-Atlantique ont augmenté de 2,5 millions de bouteilles, en comparant les huit premiers mois des années 2009 et 2018.

Sur le papier, l’accès des vins américains au marché de l’Union européenne se fait dans les mêmes conditions que pour les vins de la plupart des pays, comme l’Australie ou l’Argentine, selon les règles de l’OMC. Et les professionnels mettent plutôt en avant la parité euro-dollar favorable et le fait que le pays applique de lui-même de faibles droits de douane. Ils sont de 5 à 14 cents par bouteille alors que les droits de douane de l’Union européenne sur les vins américains vont de 11 à 29 cents.

En cas de difficultés sur le marché outre-Atlantique, les domaines et les maisons de Bourgogne pourront compter sur la bonne santé de leurs autres marchés à l’international. Globalement, sur les huit premiers mois de l’année, les opérateurs ont réalisé 593 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit un nouveau record en valeur. Hors les vins de Chablis, en léger retrait, les volumes commercialisés à l’international dépassent également leurs meilleurs résultats, avec 2 millions de bouteilles supplémentaires (+5,2 %). Le Canada est devenu le quatrième marché en volume et le cinquième en valeur, même si les Britanniques restent les deuxièmes plus gros acheteurs.

Baisse des importations chinoises

L’Asie du Sud-Est continue d’apprécier les vins de Bourgogne. De janvier à fin août 2018, le chiffre d’affaires réalisé sur les trois principaux marchés, que sont le Japon, la Chine et Hong Kong, progresse de 11 % en valeur et, avec 6,9 millions de bouteilles, de 2,8 % en volume. La Chine réduit toutefois légèrement ses achats (-1,4 %), tout en progressant en valeur (+12,7 %), en raison d’une hausse des cours liés ces dernières années aux faibles récoltes. « Très demandés en 2017, les vins rouges ont un peu moins la cote », explique un analyste du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

La très bonne nouvelle sur cette zone vient de Hong Kong, plaque tournante, comme Singapour, pour les réexportations. S’y affichent des croissances à deux chiffres : +34 % en valeur et 28,3 en volume du fait d’un fort engouement pour les rouges. En Europe, le Royaume-Uni, qui fut longtemps la première destination des vins bourguignons, principalement pour les blancs, réduit ses importations de près de 8 %. « L’effet Brexit, entre crainte de fortes hausses des taxes et parité de la livre défavorable, commence à se faire sentir », pointe le BIVB.

Les bourgognes ne sont toutefois pas uniquement appréciés par les palais étrangers. Le marché national représente 52 % des ventes avec deux évolutions majeures. Les repas se simplifient hors domicile pour devenir de plus en plus des apéritifs dînatoires et l’on consomme moins, mais bien meilleur. La grande distribution l’a bien compris avec une offre de qualité. Toujours sur les huit premiers mois, 14,55 millions de bouteilles y ont été commercialisées, hors drive, discount et supérettes, pour 115,8 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit là aussi un record. Parmi les appellations, c’est le crémant qui progresse le plus.


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