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Elu de justesse à la tête de FO, Yves Veyrier va devoir rassembler

« Force ouvrière a un attachement indéfectible à l’indépendance… Sont membres de FO des salariés sans considération de leurs opinions politiques, philosophiques, religieuses, l’orientation sexuelle ou l’état de santé. Dès le moment où des entraves à ces valeurs ont été constatées, nous avons su prendre des décisions qui s’imposaient. » Pour sa première expression publique, à l’issue du Comité confédéral national qui l’a élu, jeudi, secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier est revenu aux fondamentaux.

Cet ingénieur météo de 60 ans a aussi souligné que des travaux étaient engagés pour « mettre à jour d’une certaine façon les modes de fonctionnement [de FO] ». Objectif : tourner la page de la séquence qui a vu son prédécesseur, Pascal Pavageau, poussé vers la sortie à la suite de  révélations sur la tenue d’un fichier occulte sur les cadres de la centrale et sur la gestion financière de la centrale, ainsi que  le train de vie de ses dirigeants .

Une organisation profondément divisée

Le nouveau numéro un de FO a souligné qu’en l’élisant, l’organisation a choisi « un candidat capable tout de suite de rétablir la parole de l’organisation, le fonctionnement du bureau confédéral, l’autorité de la confédération sur les dossiers économiques et sociaux ». « Il y a eu des débats rudes, oui ; mais des déchirements, non ; des fractures, non », assure Yves Veyrier. La présence de trois candidats pour un scrutin à un seul tour a pourtant montré une organisation profondément divisée.

Yves Veyrier a certes gagné l’élection, mais sans obtenir la majorité absolue. Cela s’est joué de peu entre lui et Christian Grolier qui ont réalisé les scores respectifs de 45,75 % et 43,34 %, soit un écart de 143 voix sur un total de 6.032 (dont 5.975 exprimées).

Les trotskistes du POI affaiblis

Les trotskistes du POI auront tenté jusqu’à l’ouverture du scrutin, jeudi peu après 10 heures, d’obtenir le retrait du troisième candidat, Patrick Clos, sachant que cela aurait assuré à leur candidat, Christian Grolier, la première place. « Patrice Clos n’a pas dû beaucoup dormir dans la nuit de mercredi à jeudi », résume un responsable FO. Mais ils n’ont pas réussi.

La victoire d’Yves Veyrier est d’abord leur défaite. Ils paient leur refus de s’accorder avec l’autre grande sensibilité de Force ouvrière, celle des réformistes, obnubilés par leur  volonté de prendre le pouvoir sur le syndicat . Ils sortent affaiblis de l’épisode, même s’ils conservent des proches et des membres au sein des instances dirigeantes.

Les réformistes emmenés par Frédéric Homez ont joué autrement plus finement en choisissant de ne pas présenter de candidat sous leur bannière mais de soutenir Yves Veyrier.

Il n’empêche que le nouveau secrétaire général de la troisième confédération syndicale française arrive à la tête d’une organisation à la fois meurtrie et divisée qu’il va devoir rassurer et rassembler. Il est encore trop tôt pour mesurer les marges de manoeuvre dont il pourra disposer. En tout cas, il n’a pas l’intention de démonter le slogan inscrit au fronton du siège de FO : « Revendiquer, résister, reconquérir ». « Ces trois mots ont tous leur valeur », a affirmé Yves Veyrier, prudent.


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